Vous lisez : Harcèlement moins visible en télétravail, mais aussi dommageable

Montréal, le 31 août 2020 – Alors que le télétravail est bien ancré dans nos réalités, il ne faut pas croire que le harcèlement en milieu de travail s’estompe pour autant. Le contexte anxiogène qui se prolonge, jumelé aux limites des communications numériques, constitue un terreau fertile pouvant provoquer des dérapages. Restons vigilants, adaptons nos pratiques pour prévenir et gérer adéquatement le harcèlement à l’ère du numérique.

Portrait de la situation

De manière générale, selon un sondage auprès des travailleurs québécois, 29 % indiquent avoir été personnellement victimes ou témoins d’une situation de harcèlement alors qu’ils étaient de 18 % en 2016. Preuve que le harcèlement est toujours un enjeu qui poursuit ses ravages.

Quant au contexte précis du télétravail, il faut savoir que le harcèlement peut aussi bien s’infiltrer dans les canaux de communications numériques qu’il pouvait le faire au bureau. D’ailleurs, selon les professionnels RH sondés, 36 % croient que le télétravail rend plus difficiles la prévention et la gestion du harcèlement en milieu de travail et 33 % craignent de ne pas être en mesure de constater qu’il y a du harcèlement au sein de l’organisation dans ce contexte.  Mentionnons également que 29 % des travailleurs ne seraient pas à l’aise de porter plainte à un employeur à distance en raison du contexte de télétravail.

Un contexte qui exige vigilance

D’une part, le stress prolongé et ressenti par les travailleurs en raison du contexte inédit de la COVID-19, ainsi que les pressions managériales parfois plus importantes en raison de la fragilité de certaines organisations, peuvent rendre plus tendues les relations entre les gens. « D’un côté, les gens sont moins patients dans leurs interventions, et de l’autre, plus sensibles dans la réception des messages. » souligne Manon Poirier, CRHA, directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés. D’autre part, les avantages du télétravail sont notables et il s’agit, même au-delà de la pandémie, d’une belle voie d’avenir pour une organisation. Toutefois, les canaux de communications numériques apportent certains risques : biais dans l’interprétation des communications écrites, isolement des travailleurs, actes répréhensibles moins visibles par autrui, communication en continu à tout moment de la journée, etc.

« On se retrouve donc avec une combinaison de facteurs qui peuvent détériorer la qualité des relations entre les gens. Si l'on ne prend pas la peine d’agir, on peut se retrouver avec des situations de harcèlement. » explique Mme Poirier.

Assainir nos milieux de travail dans le cadre de ce contexte particulier

Constat encourageant, 75 % des travailleurs considèrent que leur employeur met tout en œuvre pour prévenir et gérer le harcèlement en milieu de travail. Toutefois, ceux ayant été victimes ou témoins de harcèlement par le passé sont beaucoup moins confiants à cet égard (59%).

Tous les employeurs ont le devoir d’offrir un climat de travail sain et sécuritaire et cela s’étend aussi au télétravail. Voici quelques bonnes pratiques qui peuvent être mises en place :

  • Maintenir un climat de travail agréable (ex. : organiser des rencontres d’équipes fréquentes et des activités sociales au moyen de webconférences) et des relations interpersonnelles de qualité (rôle du gestionnaire de garder un contact fréquent avec ses employés).
  • Outiller les gestionnaires et les employés à cette nouvelle réalité.
  • Clarifier les attentes de l’organisation en matière de comportements à adopter et pour éviter l’hyperconnectivité.
  • Mettre en place des mécanismes pour évaluer le climat de travail malgré la distance (ex. : sondages récurrents).
  • Assurer des communications numériques de qualité en privilégiant les communications en webconférence et en prêtant une attention particulière à la manière dont peuvent être perçues les communications écrites.
  • S’assurer que la politique de l’organisation en matière de harcèlement s’étend au télétravail et que les mécanismes de plaintes et les processus d’enquête soient adaptés à cette nouvelle réalité ainsi que de communiquer ces informations aux employés.

 « Alors que les contextes de travail se multiplient et les relations se complexifient, il est plus important que jamais pour les organisations d’être accompagnées par des professionnels compétents et impartiaux, tels que les CRHA, afin de prévenir et de gérer dans les règles de l’art l’enjeu dévastateur qu’est le harcèlement. » conclut Mme Poirier.

À propos de l’Ordre

Regroupant 11 000 professionnels agréés, l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés est la référence en matière de pratiques de gestion des employés. Il assure la protection du public et contribue à l’avancement des CRHA et CRIA. Par ses interventions publiques, il exerce un rôle majeur d’influence dans le monde du travail au Québec. L’Ordre participe ainsi activement au maintien de l’équilibre entre la réussite des organisations et le bien-être des employés. Pour en savoir plus, visitez ordrecrha.org.

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Noémie Ferland-Dorval
Conseillère, Affaires publiques
Ordre des conseillers en ressources humaines agréés
Cell. : 514-476-4918
presse@ordrecrha.org

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