Les organisations font face à une pénurie grandissante de main-d’œuvre qualifiée, ce qui devient une préoccupation prioritaire pour les dirigeants d’entreprise. En même temps, les nouvelles générations de travailleurs sont davantage motivées par leur qualité de vie au travail et par le plaisir de pratiquer leur métier. De plus, ce sont bien souvent les travailleurs qui choisissent l’organisation et non l’inverse, car ils ont le choix.
Cette situation exerce une forte pression sur la fonction ressources humaines, qui doit innover pour attirer et conserver cette précieuse main-d’œuvre au sein de l’organisation. Voilà une tendance qui transforme profondément la gestion des ressources humaines. Il ne s’agit pas d’un courant éphémère, selon moi, mais bien d’une vague de fond qui affectera le monde du travail pour les prochaines années.
Nous devons non seulement séduire les candidats potentiels, mais aussi les retenir une fois embauchés et, surtout, susciter leur engagement envers la réussite de l’entreprise. Je dirais qu’il s’agit en fait de gérer un potentiel humain plus qu’un capital humain. Quels en sont les impacts sur l'exercice de notre profession?
D’abord, la recherche de talents nous amène en quelque sorte à « vendre » l’entreprise aux candidats. Pour les séduire, nous devons leur proposer une aventure qui les passionnera et pas seulement des objectifs à atteindre. Ensuite, la formation et le développement des compétences de l’employé au sein de l’organisation lui permettront non seulement de s’accomplir au travail, mais aussi d’atteindre les performances attendues.
Conséquemment, nous avons vu apparaître ces dernières années une autre tendance : cultiver le mieux-être de nos employés. Une bonne qualité de vie au travail aide en effet à combattre le stress et la maladie mentale qui, bien sûr, ont un effet néfaste sur la productivité des équipes. Adapter les horaires, aménager les lieux de travail, prévenir et résoudre les conflits, favoriser la conciliation travail/vie personnelle sont tous de bons moyens d’y arriver. Les employés heureux sont plus performants et sont moins portés à aller voir ailleurs!
Pour une fonction RH efficace
Les résultats d’une enquête du Boston Consulting Group menée en 2014 dans plus d’une centaine de pays révèlent qu’il existe un lien entre la qualité de la gestion des ressources humaines et le rendement de l’entreprise. En un mot, comme gestionnaires des ressources humaines, nous devons arrimer les stratégies RH à celles de l’organisation, en étant à l’écoute des gens et des besoins de l’entreprise, afin d’être en mesure d’établir les priorités RH et de mettre en place les outils adéquats pour y répondre.
Nous devons surveiller les opportunités, faire autrement et être à l’avant-garde des pratiques dans notre domaine. Mais attention aux pratiques à la mode, même si elles sont d'excellence. Elles peuvent sembler novatrices, mais être un feu de paille. Donc, affûtons notre esprit critique…
Selon moi, notre défi sera de travailler en collaboration avec les autres fonctions et services de l’organisation, d'être à l'affût des pratiques à l’international et de les adapter à la culture et à l’environnement de notre entreprise tout en les optimisant. La fonction ressources humaines doit donc faire preuve de créativité.
Quand la crise survient...
Comment passer sous silence l'attentat contre Charlie Hebdo qui a secoué le monde entier le 7 janvier dernier? En tant que professionnelle en ressources humaines, je n’ai pu m’empêcher de penser aux effets qu’une telle tragédie peut générer au sein d’une organisation et surtout sur les individus qui la composent. Source de stress intense pour les survivants, inattendue par son essence même, toute crise exige une réponse immédiate pour permettre à l’entreprise de reprendre ses activités. On l’a vu chez Charlie Hebdo, la publication du journal n’a pas cessé, bien que la rédaction ait été décimée.
Une gestion de crise bien menée – et c’est notre rôle – s’occupera des personnes d’abord et visera à rétablir cette qualité de vie qui régnait avant l'événement dramatique en vue de prévenir les dépressions, les départs, l’absentéisme, etc.
Chantal Bilodeau, CRIA, présidente du conseil d’administration
Source : Effectif, volume 18, numéro 1, janvier/février/mars 2015.