Une des prémisses de la pratique du coaching est que la motivation d’une personne à changer dépend de son désir d’atteindre un but valable ou du mécontentement ressenti par rapport à sa situation présente. Cependant, lorsque vient le temps de faire les changements requis, certaines personnes se défilent ou connaissent des blocages qui les empêchent de bénéficier pleinement de leur coaching. C’est alors l’impasse autant pour la personne coachée que pour le coach.
Les sources de blocage
Il y a un blocage dans une relation de coaching lorsque la personne coachée et le coach sentent qu’ils ne progressent pas vers l’atteinte des objectifs initialement convenus. Chez la personne coachée, les blocages sont généralement dus à des facteurs comme une conception confuse ou erronée du coaching, une volonté de changement mitigée, la peur de découvrir qui elle est, des craintes concernant le respect de la confidentialité des entretiens, les bénéfices (la récompense) liés au changement ne sont pas manifestes ou les conséquences de l’absence de changement sont absentes ou faibles. Les sources du blocage peuvent aussi se trouver du côté du coach. Par exemple, l’approche qu’il utilise est trop invasive, il se sent l’âme d’un sauveteur et persiste à vouloir aider la personne accompagnée sans la responsabiliser, il n’a pas pris le temps de vérifier la pertinence des objectifs ni l’engagement de cette personne. De plus, le coaching peut tout simplement ne pas être l’outil approprié pour la personne, qui pourrait par exemple avoir plutôt besoin de mentorat.
Comment aborder les blocages
La difficulté pour le coach n’est presque jamais de découvrir le problème dans un cas de blocage. La difficulté est plutôt de présenter le problème à la personne coachée de manière à ce qu’elle puisse le voir et réaliser qu’elle peut faire quelque chose à son sujet. Alain Cardon, maître-coach français qui a exploré la question de la relation de coaching, affirme que, lorsqu’un client aborde un enjeu avec son coach, il a souvent déjà fait le tour complet de son problème ou de sa situation. En réponse au blocage de la personne coachée, le coach ne doit donc pas focaliser sur le problème tel que posé par la personne coachée, car elle l’a déjà fait elle-même, mais plutôt sur sa façon de poser le problème.
Se poser des questions
Lorsque le coach sent qu’il y a blocage dans la progression de la personne coachée, il pourrait se poser un certain nombre de questions qui l’aideront à réfléchir sur la situation :
- Est-ce que je travaille plus fort que la personne que j’accompagne?
- Se peut-il que la personne que j’accompagne et moi ne poursuivions pas les mêmes objectifs?
- Suis-je en train de lui imposer une solution?
- Se peut-il que je n’ose pas poser certaines questions? Qu’est-ce qui me retient?
- Y a-t-il une objection importante à laquelle je ne porte pas attention et qui bloque l’atteinte des objectifs?
Quand le coach vit une situation de blocage avec la personne coachée, une des approches efficaces est de réduire l’ambition initiale de cette personne (et la sienne propre) et de choisir d’accompagner son client par la mise en place de petites actions, dans la perspective que même l’ascension du mont Everest ne peut se faire qu’un pas à la fois.
Le changement n’est pas facile
Ce qui est simple à comprendre n’est pas nécessairement facile à réaliser. L’importance de manger sainement ou de faire de l’exercice est un concept facile à saisir. Le défi n’est pas de comprendre le concept, mais de passer à l’action. Donc, au début de la relation de coaching, il ne faut pas laisser croire à la personne coachée que ce sera facile. C’est pourquoi il est important de vérifier son engagement à faire face aux difficultés qu’elle rencontrera en cours de route.
Conclusion
Le coaching n’est pas pour tout le monde. Il peut arriver que certaines relations de coaching soient vouées à l’échec ou au plafonnement dès le départ. Autrement dit, il faut apprendre à échouer à l’occasion, dans son rôle de coach. Les occasions manquées, les espoirs infondés, les illusions sur ses compétences sont autant d’occasions d’apprendre à propos de la nature humaine et de sa complexité. Tout parcours professionnel compte son lot de revers et de déceptions. La réussite sans échec en coaching est impossible. Mais le coaching donne aussi la possibilité de découvrir d’autres ressources et de poursuivre son perfectionnement professionnel.
Pour se développer comme coach
Blanc-Sahnoun, Pierre (2006). L’art de coacher. Méthode, cas pratiques et outils, Paris,InterÉditions.
Cardon, Alain (2011). L’art véritable du maître-coach, Paris, InterÉditions.
Chavel, Thierry (2010). coaching de soi. Manuel de sagesse professionnelle, Paris, Eyrolles, Éditions d’Organisation.
Pressfield, Steven (1999). The Legend of Bagger Vance, New York, Perennial.
À propos de l'auteur
Yvon Chouinard, CRHA, ACC, est un coach exécutif associé au Groupe Pauzé. Il est aussi consultant en implantation et évaluation de programmes de mentorat en plus de faire la formation des mentors et des mentorés. On peut le joindre par téléphone [514 861-0222] ou par courriel [ychouinard@groupepauze.com].
