Une fois que l’entreprise a analysé si son actuel programme de gestion de la relève est bien aligné sur sa vision stratégique, s’il est intégré aux autres stratégies de gestion des ressources humaines et si les gestionnaires se sentent responsables du développement de la relève (voir l’article précédent du même auteur), alors vient le temps de la mise en oeuvre.
Réussir l’élaboration d’un programme efficace et intégré de gestion de la relève exige la réalisation de six étapes principales.
1. Analyser la culture de l’entreprise, le degré d’engagement de la haute direction dans la gestion de la relève et faire ressortir les facteurs facilitateurs et les résistances au déploiement du programme. Cette analyse permet non seulement de tester la volonté et la compréhension de la haute direction sur ce que signifie réellement gérer la relève (par exemple en terme de temps consacré au coaching de développement), mais aussi de prévoir certains obstacles au moment du déploiement du programme (par exemple, le manque de formation des gestionnaires) : questionnaires et groupes de discussion.
2. Élaborer des échelles de leadership qui permettent d’évaluer les profils requis pour des professionnels, des superviseurs, des directeurs et des vice-présidents. Ces échelles doivent refléter la vision stratégique de l’entreprise et le vocabulaire doit être compréhensible par tous. Ces échelles permettront d’évaluer l’ensemble des employés (gestion de la performance) et de comprendre à quel bassin de leaders ils appartiennent (leaders stratégiques, leaders mobilisateurs ou leaders performants) : groupes de discussion.
3. Analyser les postes critiques de l’entreprise et plus particulièrement ceux qui n’ont pas de relève. Pour cela, l’élaboration d’une matrice d’analyse des postes en fonction de leur impact sur les résultats d’affaires est nécessaire. On priorise ensuite l’analyse de ceux qui ont le plus d’impact et le moins de relève. Cette approche permettra de cibler les individus dont il faudra accélérer le développement afin que l’entreprise ne se retrouve pas dans une situation délicate dans l’avenir (perte d’un joueur clé qui n’aurait aucune relève, même temporaire) : matrice d’évaluation des postes critiques.
4. Élaborer les outils et processus permettant de développer le talent et la relève à tous les niveaux de l’organisation.
a. Le programme de gestion de la relève doit impérativement reposer sur un bon processus de gestion de la performance : les évaluations individuelles sont faites sur les attributs de leadership et chaque évaluation est accompagnée d’un plan de développement détaillé.
b. Le programme doit être supporté par des comités de gestion de la relève qui passent en revue les plans de développement des individus performants que l’on veut amener vers des niveaux de leadership plus stratégiques. Le rôle du comité, composé de membres de la haute direction, est de s’interroger sur la qualité des plans de développement et de suggérer des activités de développement accéléré (projets spéciaux, développement dans l’action, etc.).
5. Mettre en place une plateforme web permettant de voir et de gérer l’ensemble des talents disponibles dans l’organisation. Cette plateforme doit être un réel outil de travail qui permet aux gestionnaires d’entrer l’information au fur et à mesure du développement des individus (évaluation de performance, plans de développement, sessions de rétroaction, etc.).
6. Former les gestionnaires : un bon programme de gestion de la relève est appartient aux gestionnaires et non pas aux professionnels en ressources humaines. Afin qu’ils puissent se l’approprier, il faut s’assurer que les gestionnaires comprennent les outils et aussi qu’ils sont formés à bien les utiliser : évaluer les attributs de leadership, analyser un plan de développement, accompagner le développement de leurs employés, faire le suivi, donner de la rétroaction, etc.
En conclusion, mettre en place un programme de gestion de la relève efficace, c’est développer un avantage concurrentiel dynamique pour l’entreprise et son avenir. Cela prend une démarche structurée accompagnée d’une philosophie de gestion de changement. Cela nécessite aussi des outils novateurs que les gestionnaires seront capables de s’approprier. Pour réussir une telle démarche, il est enfin essentiel d’obtenir un engagement sans faille de la part de la haute direction et de bien analyser les résistances potentielles de certains gestionnaires, que le développement de leur relève peut notamment insécuriser.
Philippe Mast, CRHA est associé chez CORTO.REV, cabinet de recherche de cadres supérieurs et de conseil en transformation organisationnelle. Il intervient plus particulièrement dans la recherche de cadres supérieurs dans les secteurs de la finance et des hautes technologies ainsi que dans la mise en œuvre de stratégies intégrées de gestion de la relève et de développement du leadership. On peut le joindre par téléphone [514 995-4452] ou courriel [pmast@cortorev.com]. Site web : www.cortorev.com