Même si nul n’est prophète en son pays, nous pouvons prévoir que certaines grandes questions sur les relations du travail au Québec seront vraisemblablement soulevées au cours de l’année 2010.
Dans le secteur privé, plusieurs entreprises qui ont réussi tant bien que mal à survivre à la crise économique mondiale tenteront de renégocier à la baisse les conditions de travail de leurs salariés. Cette tendance semble inévitable en raison de la faible productivité de nos entreprises, en comparaison de celle des autres entreprises canadiennes et, surtout, américaines. À défaut, ces entreprises n’auront d’autre choix que de recourir encore plus à la sous-traitance à l’étranger, notamment dans les pays asiatiques où le coût de la main-d’œuvre est sensiblement inférieur.
Les entreprises du Québec subiront de nouvelles contraintes réglementaires en raison de récentes modifications législatives. Ainsi, les amendes prévues dans la Loi sur la santé et la sécurité du travail ont été considérablement augmentées. Les employeurs seront davantage enclins à les contester pour éviter le paiement de montants substantiels, particulièrement dans les cas de récidive.
À la suite des récents amendements de la Loi sur l’équité salariale, toutes les entreprises du Québec qui n’avaient pas encore complété leur exercice d’équité salariale (environ 50 % des entreprises!) devront le faire d’ici le 31 décembre 2010. Celles qui avaient terminé cet exercice devront procéder à une évaluation du maintien de l’équité salariale pour la même date. Les employeurs qui ne se conformeront pas à la Loi s’exposeront à des amendes qui ont été haussées, tout comme le budget de la Commission de l’équité salariale qui aura ainsi plus de ressources pour veiller à l’application de la Loi.
Dans le secteur public, un nouveau front commun, apparemment plus uni que les précédents, a été formé en vue des négociations pour le renouvellement des grandes conventions collectives sectorielles. La marge de manœuvre du gouvernement du Québec sera extrêmement réduite, car on anticipe des budgets sévèrement déficitaires au cours des prochaines années.
Il faudra nécessairement trouver des solutions pour faire davantage sans déboursés additionnels. Déjà, en raison de la pénurie d’infirmières, il faut recourir aux heures supplémentaires et aux primes spéciales pour assurer une présence minimale. Ce problème ne semble pas pouvoir être résolu par de simples augmentations de salaire. La négociation de nouvelles façons de faire donnera sans doute lieu à d’âpres discussions, puisque les syndicats acceptent difficilement toute modification à la baisse des conditions de travail de leurs membres.
Il y a donc à l’horizon, tant dans le secteur privé que dans le secteur public, de nombreux obstacles qui pourraient avoir pour effet de générer des conflits de travail majeurs en 2010. L’avenir nous dira si les parties auront su trouver le compromis requis pour éviter des conflits prolongés dont les effets seraient inévitablement néfastes pour l’économie du Québec. Par exemple, de tels conflits n’ont pu être évités au Journal de Québec et au Journal de Montréal; il reste à voir si La Presse et les diverses associations qui y sont accréditées sauront trouver une solution pour éviter la fermeture annoncée de l’entreprise.
Source : VigieRT, numéro 40, septembre 2009.