Vous lisez : La créativité : levier de l’innovation au quotidien

Les grands courants de transformation qui frappent nos sociétés ne pouvaient pas demeurer sans conséquence sur l'organisation du travail.

Dans un tel contexte, nul besoin de mentionner que les entreprises doivent plus que jamais être créatives sur une base quotidienne si elles veulent se démarquer et se tailler une niche à l’intérieur de leur marché respectif.

Pour ce faire, elles doivent continuellement introduire de nouveaux produits ou services, améliorer les pratiques et les processus, rehausser la productivité et le rendement, souvent en assignant à quelqu’un la responsabilité de mobiliser les ressources afin d’améliorer les capacités créatives et novatrices de l’organisation.

Malgré les bonnes intentions, bon nombre de gestionnaires ne savent pas ce qu’ils exigent de leurs employés, car ils n’ont eux-mêmes qu’une compréhension fragmentée de la créativité et de l’innovation. Par conséquent, ils ne posent pas les gestes requis afin de créer un environnement propice à l’émergence et à la concrétisation de nouvelles idées.

Quelques définitions
La « créativité » vient du latin creo qui signifie « donner naissance à ». C’est la capacité d’inventer ou d’imaginer quelque chose de nouveau, la capacité de produire de nouvelles idées en changeant et en combinant celles qui existent déjà. Certaines idées créatives sont sensationnelles et ingénieuses, alors que d’autres sont tout bonnement si pratiques et simples que personne ne semble déjà les avoir imaginées.

« Innover » vient du latin innovare, qui veut dire introduire quelque chose de nouveau dans un domaine particulier. L’innovation diffère de la créativité. Les personnes et les organisations peuvent être créatives sans pour autant être innovatrices. Faire preuve d’innovation, c’est réaliser de nouvelles choses en prenant des risques, c’est mettre en évidence le courage, l’engagement et la persévérance, nécessaires à la mise en œuvre d’idées créatives.

Échouer, échouer souvent, échouer mieux!
Mettre quotidiennement en pratique la créativité et l’innovation au travail n’est certes pas chose facile. Plusieurs idées potentiellement intéressantes se frappent au mur de l’autocensure et de la critique.

Selon Innovation Tracker (2006), le moteur de la créativité et de l’innovation réside essentiellement dans la capacité de l’organisation de maintenir un climat favorable à la prise de risque et à la volonté des dirigeants à entretenir sur une longue période de temps la gestation d’idées nouvelles. La plupart des bonnes idées se soldent par des échecs. Elles font l’objet de vives critiques, étouffant ainsi l’esprit d’initiative des gens, qui s’en tiendront aux règles établies.

La prise de risque devient alors synonyme de danger et les gens la fuient. En décourageant la prise de risque et en récompensant la conformité, on contrecarre aussi le progrès et l’innovation et on ne réalise que des choses assurées. Au contraire, si on tolère certaines erreurs en les utilisant comme source d’apprentissage, les occasions d’innover s’en trouvent considérablement accrues.

Faire preuve de créativité et d’innovation au travail
La principale caractéristique d’une personne créative et innovante est sa capacité de modifier son mode de pensée en fonction du contexte dans lequel elle évolue.

Quatre rôles se juxtaposent les uns aux autres de façon à guider et à orienter le processus de création de l’individu. Les deux premiers rôles relèvent du domaine de la créativité, les deux autres alimentent l'innovation au travail.

La créativité : la naissance d’une idée
Quand on cherche une idée nouvelle, le rôle à privilégier est celui de l’explorateur. L’explorateur recherche l’information dans des endroits différents et inhabituels et se fait un devoir de sortir des sentiers battus afin d’avoir une nouvelle perspective sur les choses.

L’explorateur pourrait ainsi générer des idées en observant les comportements des clients sous un angle différent ou en acquérant une compréhension profonde de la façon dont les gens interagissent avec un produit ou un service.

> Mots clés de l’explorateur : explorer – fouiller – observer – découvrir

Par la suite, afin d’analyser les différentes informations recueillies, l’explorateur se transforme en artiste. Il utilise son intuition et son énergie pour réorganiser l’information à sa disposition. Il découvre des liens entre des éléments qui, a priori, n’ont rien en commun.

L’artiste peut combiner de l’information, imaginer des scénarios, exagérer des situations pour créer quelque chose de neuf. Il peut utiliser le langage des émotions, le mythe et le rituel pour transformer l’idée de départ.

> Mots clés de l’artiste : adapter – combiner – incuber – comparer

L’innovation : l’application de l’idée
Vient ensuite le juge qui permettra d’évaluer les mérites d’une idée. Le juge tient compte du contexte dans lequel l’idée a été produite. Il examine les ressources nécessaires et vérifie si le moment est bon pour implanter l’idée. Il analyse le risque et prend la décision d’implanter ou non l’idée retenue.

Le juge jongle avec les différents scénarios qui lui sont offerts. Il entrevoit des possibilités à l’intérieur de ce qui paraît impossible. Il soupèse les risques et les difficultés à surmonter : quels sont les coûts associés à l’implantation? Quelles sont les chances de réussite?

> Mots clés du juge : oser – évaluer – jauger – soupeser

Maintenant est venu le temps de transformer l’idée en action. Le guerrier est celui qui implante l’idée. Il trouve des moyens pour que son idée soit mise en œuvre. Il communique efficacement et il se bat de façon intelligente.

Le guerrier conçoit des moyens de surmonter ou d’éviter les obstacles qui se dressent sur son chemin. Il articule son argumentaire. Il apprend à contester le statu quo. Il est motivé par des besoins intérieurs profonds et garde un niveau d’optimisme élevé devant les refus.

> Mots clés du guerrier : agir – négocier – assumer – décider

En bref, ce qui semble distinguer les bons des mauvais au jeu de la créativité et de l’innovation, c’est leur habileté à créer des occasions de concrétiser les bonnes idées et à prendre les risques inhérents à leurs actions même s’ils ne sont pas certains que leurs idées se transformeront en produits rentables ou en services à forte valeur ajoutée.

Nathalie Miller, CRHA, associée principale, Groupe3, Daniel Lacombe, consultant et Danielle Ah-Yu, analyste en marketing, Sage consulting

Source : Effectif, volume 10, numéro 5, novembre/décembre 2007.

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