Dis-moi comment tu t’appelles et je te dirai si je m’en souviens dans cinq minutes! C’est bien connu, la mémoire est une faculté qui oublie. Or, s’il y a une chose qui mécontente une personne, c’est bien qu’on oublie son nom ou qu’on en massacre la prononciation. Pourtant, la plupart des gens ont, au moins quelques fois dans leur carrière, commis cette faute vénielle.
Le nom, c’est avant tout ce qui distingue un individu d’un autre. Pourquoi une lettre adressée avec une simple faute d’orthographe dans le nom du destinataire se retrouve-t-elle inévitablement – et dans l’instant! – dans le recyclage? D’où provient ce sentiment de frustration et d’exaspération intense qui envahit une personne si un collègue l’appelle toujours Lucie plutôt que Sylvie ou Jean-François au lieu de Jean-Michel? Être anonyme aux yeux des autres, c’est n’être personne en quelque sorte. Dès la naissance, le prénom est la première chose qu’on donne à un enfant, bien avant ses vaccins. Retenir le nom d’une personne, c’est lui témoigner toute l’importance qu’on lui accorde. Pour éviter ce malaise et faciliter la mémorisation des noms, voici quelques bons trucs qu’il serait bon de… retenir.
Ces noms venus d’ailleurs
Au bureau, mondialisation oblige, les noms se sont également internationalisés. Aux « Hélène Dupuis », « Gregory Smith » et « Étienne Gagnon » se sont ajoutés des « Aishwarya Chemmanoor », « Tran Nguyen » et « Anan Lakri ». Il faut à présent non seulement se souvenir de tous ces noms, mais aussi savoir comment les prononcer.
- Être toujours attentif quand on se fait présenter quelqu’un dont le nom n’a pas une consonnance familière. Le répéter si nécessaire pour vérifier qu’on a bien entendu et pour éviter d’en massacrer la prononciation la prochaine fois qu’on croisera cette personne.
- S’il s’agit d’un nom qu’on a lu, demander simplement et poliment comment la personne le prononce.
La mnémotechnie à la rescousse
Préparer une réunion ou un rendez-vous
Il est presque toujours possible de connaître à l’avance les noms des personnes qui participeront à une réunion. La liste des personnes qui reçoivent une copie conforme des courriels constitue un bon indicateur, tandis que les bottins internes présentent souvent l’avantage d’afficher la photo des collègues.
- Pour connaître le nom d’une personne, le demander à un collègue… Un truc simple qu’on oublie souvent!
- Étudier le bottin interne pour voir s’il y a deux Danielle ou procéder par élimination : cet homme n’est pas Jacques, ni Ghislain, ni Robert... c’est donc Henri!
- Avant de rencontrer un client, faire appel à sa secrétaire ou à la réceptionniste de l’entreprise pour connaître la prononciation ou l’orthographe de son nom, en toute discrétion. On peut toujours prétexter l’envoi d’un document pour ce faire.
Lors d’une première rencontre
S’il est un moment décisif pour la mémorisation des noms, c’est bien lors de la première rencontre. C’est à ce moment que la mémoire est mise à l’épreuve. Il n’est donc pas inutile de l’aider un peu.
- Répéter immédiatement le nom de la personne qu’on vient de rencontrer. Par exemple : « Voici Jérémie, le stagiaire ». Répondre : « Bienvenue dans notre équipe, Jérémie ».
- Associer la personne qu’on vient de rencontrer à quelqu’un qu’on connaît et qui porte le même nom.
- On peut aussi associer un nom à une caractéristique physique ou de personnalité. Par exemple : « le gars qui parle fort », « la grande brune », etc. L'avantage de le mémoriser ainsi pour soi-même, c'est qu'on a la liberté de choisir n'importe quelle caractéristique, bonne ou mauvaise.
- Imaginer la personne en train de faire une action spécifique afin d’y associer son nom. Par exemple, si le nom de famille est Plante, on peut imaginer la personne en train de jardiner.
- Ouvrir l’oreille quand les gens s’interpellent.
Le terrible blanc de mémoire
Au détour d’une promenade au centre commercial, Jacques aperçoit un visage connu. Oui, c’est bien un ancien collègue qui a réalisé avec lui, en 1992, le projet spécial Réussite absolue. Quel plaisir! Jacques constate que son ancien collègue l’a aussi reconnu. Horreur et battements de cœur accélérés : pas moyen de se souvenir de son nom! Pendant que son ancien collègue s’approche avec un grand sourire, Jacques peut encore sauver la mise.
En général, il est conseillé d’être toujours ouvert et sympathique lorsqu’on croise quelqu’un qu’on sait avoir déjà rencontré (puisque le visage nous dit quelque chose)... Cette façon d’aborder la personne permettra d’en apprendre plus sur la nature de sa relation avec cette personne, grâce aux quelques éléments qu’on remarquera au cours du bref échange.
Si on est seul
- Entamer la discussion normalement, sans nommer la personne. Au fil de la discussion, on peut glisser un « Alors, tu fais quoi de nouveau, maintenant? » subtil. Avec un peu de chance, l’ancien ami a changé de poste ou d’entreprise. On peut lui demander sa nouvelle carte professionnelle (pour ses dossiers, bien sûr!).
- Pas de carte? On peut alors sortir un papier et un crayon et demander à monsieur ou madame Mystère sa nouvelle adresse électronique professionnelle. Cette adresse a plus de chance d’être composée du nom et du prénom de la personne que son adresse personnelle, qui risque de ressembler à ceci : « championne65@hotmail.com », ce qui ne serait bien sûr d’aucune aide.
- L’interlocuteur est un nouveau parent? On peut lui demander quel nom de famille il a donné (ou prévoit donner) à son enfant.
- Les plus audacieux voudront peut-être utiliser la technique « éléphant dans un magasin de porcelaine », qui consiste à demander à voir la photo de l’enfant que l’interlocuteur conserve probablement dans son portefeuille. Avec des yeux de lynx, on pourrait alors réussir à apercevoir une de ses cartes d’identité…
Si on est accompagné
- Demander, rapidement et discrètement, le nom de cette personne à son accompagnateur.
- Si l’accompagnateur l’ignore également, on peut le présenter. Exemple : « Bonjour! Je te présente Stéphanie. » Ils se saluent et l’ami sans nom n’a d’autre choix que de dire à Stéphanie : « Bonjour, je suis Richard ».
- Éviter d’appeler la personne, même en dernier recours et sur le ton de la plaisanterie, « la grande », « champion », « mister », etc.
Finalement, il est bon de se rappeler que, parfois, la franchise constitue la meilleure porte de sortie et aussi la plus élégante. On peut signifier respectueusement et humblement à la personne, en lui présentant ses sincères excuses, qu’on ne se souvient pas de son nom; il s’agit alors de démontrer qu’on désire le connaître une fois pour toutes afin de donner une dimension plus profonde à l’échange.
Stéphanie Lalut, journaliste indépendante
Source : Effectif, volume 10, numéro 1, janvier/février/mars 2007