L’arrivée du temps des fêtes rime pour un grand nombre d’entreprises avec party de bureau.
Cette activité attendue permet de clore l’année en compagnie de ses patrons et collègues dans un cadre différent du milieu de travail. Mais doit-on y inviter les conjoints?
Au traditionnel bal dansant de Noël du cabinet d’avocats Ogilvy Renault, tenu chaque année au Fairmont Le Reine Elizabeth, les conjoints ne sont pas invités. « Il s’agit d’une activité qui a pour objectif de rassembler les membres du personnel, explique Rémon Boulerice, directeur des ressources humaines et membre du comité organisateur des activités de Noël. La dynamique ne serait pas la même si les conjoints étaient là. » Au nombre de quatre cents, les convives ont droit à un cocktail, à un repas gastronomique et à une soirée dansante. « Les gens y voient une belle marque de reconnaissance et un bon moyen de fraterniser entre collègues, souligne le directeur des ressources humaines. Mais la porte reste toujours ouverte en ce qui concerne la possibilité d’inviter les conjoints. Cette année, la décision a été "non", mais on la reconsidère chaque année. »
Au cabinet de comptables Raymond Chabot Grant Thornton de Montréal, la question est cependant sans équivoque. « La fête de Noël se fait toujours sans conjoints, car c’est un choix d’entreprise, explique Christiane Péloquin, CRHA, directrice des ressources humaines. Les employés n’ont jamais demandé à être accompagnés. » Cet événement attire souvent, de surcroît, plus de six cents personnes au Centre Sheraton de Montréal, lieu habituel de cette rencontre. Cocktail, repas, danse et prix de présence sont au menu de la soirée. « Les employés, dont beaucoup ont moins de trente ans, voient ça comme une fête d’entreprise à laquelle le conjoint n’a pas sa place; c’est culturel », enchaîne Christiane Péloquin. Aussi les quelques couples qui travaillent dans l’entreprise ne s’assoient pas ensemble pour déguster le repas, chacun préférant rester avec son équipe de travail respective. « C’est un événement attendu qui vient clore l’année et qui permet d’avoir du plaisir entre collègues », soutient la directrice des ressources humaines.
Bien qu’il compte également beaucoup de jeunes employés, le fabricant de jouets Mega Bloks inc., à Saint-Laurent, propose un scénario différent. « On a beaucoup de demandes pour la présence des conjoints, explique Marc Boily, CRIA, directeur des ressources humaines. Les gens disent qu’ils ont travaillé fort toute l’année et que leurs conjoints en subissent le contrecoup; les employés arrivent souvent tard à la maison. » Les conjoints sont donc les bienvenus aux deux fêtes organisées par l’entreprise à l’occasion de Noël. L’idée d’organiser deux événements, soit une soirée de danse suivie le lendemain d’une fête familiale offrant des jeux sous forme de structures gonflables et un père Noël pour les enfants, plaît au plus grand nombre. Pour la première fois l’année dernière, ces deux fêtes avaient lieu dans l’usine de l’entreprise, capable d’accueillir les quelque mille personnes qui y participent et de prendre des airs autant de discothèque que de terrain de jeux. « Les conjoints peuvent alors voir la dynamique de l’entreprise et associer des visages aux noms qu’ils entendent tous les jours », affirme Marc Boily.
Questions pratiques
L’espace disponible et le nombre de participants contraignent justement le Groupe Cossette Montréal à ne pas inviter les conjoints. « Trouver une salle assez grande pour accueillir, si on compte les conjoints, plus de sept cents personnes est assez difficile », observe Stéphane Éthier, directeur de la gestion des connaissances et responsable du club social. Il faut aussi préciser qu’un concept est associé à la fête, toujours haute en couleurs. Il y a deux ans, par exemple, le thème de la téléréalité a été exploité. Les gens étaient accueillis par un caméraman et par un animateur, comme s’ils arrivaient dans une émission de télévision. « Au cours de la soirée, beaucoup de blagues et de références à des choses qui se passent au bureau sont évoquées, et peut-être que les conjoints ne les comprendraient pas », souligne Stéphane Éthier.
Un peu dans la même veine, l’Association des pompiers de Montréal réserve sa fête de Noël aux vingt et un membres, non accompagnés, de son personnel. Incluant le dîner et le souper, et parfois un échange de cadeaux, la rencontre se déroule généralement dans un restaurant doté d’une petite salle privée. « Nous avons un budget, un fonds commun qu’on amasse pendant l’année pour financer cette activité », explique Daniel De Césaré, pompier et directeur syndical. De plus, chaque caserne organise son propre souper de Noël, et dans près de la moitié d’entre elles, les conjoints sont invités.
Tchin-tchin!
Qui dit party de bureau dit aussi consommation d’alcool. Les organisations approchées prennent toutes des moyens pour éviter la conduite en état d’ébriété, que ce soit le recours aux services de Nez rouge, aux coupons de taxi ou aux conducteurs désignés. L’entreprise Mega Bloks inc. n’offre plus de bar ouvert comme par le passé. « On préfère donner des bons aux gens pour limiter le nombre de leurs consommations », explique Marc Boily. « Cette question nous préoccupe parce que beaucoup de nos employés sont jeunes, ajoute Christiane Péloquin, de Raymond Chabot Grant Thornton. Le bar est ouvert seulement pour l’apéritif, du vin est servi pendant le repas et on lance des messages de modération. »
À la fête d’Ogilvy Renault, un bar est aussi ouvert, mais le cabinet offre le service de taxi à tous ses employés. « La soirée se passe très bien et il est certain que, comme dans n’importe quel autre party de bureau ou de famille, certaines personnes dépassent un peu leur seuil de tolérance à l’alcool, souligne Rémon Boulerice. Des histoires croustillantes suivent parfois parce qu’on a vu ces gens sous un autre jour, en train de danser, mais ce n’est jamais au point d’entraîner des pertes d’emplois après le party! », assure-t-il.
Marie-Claude Dion, journaliste indépendante
Source : Effectif, Volume 8, numéro 5, novembre/décembre 2005