Vous lisez : Le point de vue d’un psychologue : prévenir la violence dans le domaine de la santé

Une vulnérabilité particulière dans le domaine de la santé


Les infirmières, les infirmiers et les autres professionnels du domaine de la santé sont trois fois plus susceptibles d’être victimes de violence au travail que les autres groupes de professionnels[1]. Tandis que les infirmières et infirmiers sont perçus comme des gens affables, raisonnables et avisés au service des gens blessés ou atteints de maladie, plusieurs patients hospitalisés éprouvent des effets secondaires résultant des traitements qu’ils reçoivent, lesquels favorisent une conduite inappropriée pouvant aller jusqu’à la violence sous une forme ou sous une autre.

Il est vrai qu’aujourd’hui, comme le tri des patients hospitalisés est moins rigoureux et que les infirmières et infirmiers doivent assumer plus de responsabilités, et ce, dans un contexte d’effectif réduit, les patients vivent une frustration croissante et par conséquent un stress accru.

D’autre part, on ne peut pas faire abstraction de la faiblesse des mesures de sécurité dans certains hôpitaux ainsi que, dans certains cas, des piètres pratiques de gestion en application, lesquelles ouvrent la porte à une culture d’instabilité qui entraîne le départ de plusieurs excellents travailleurs.

Des agressions non déclarées
On évalue qu’environ 80 % des infirmières et infirmiers n’ont pas déclaré les agressions qu’ils ont subies[2]. Taire une expérience aussi traumatisante augmente l’anxiété et le stress qui, à défaut de recevoir l'attention requise, peuvent entraîner l’abandon du travail en milieu hospitalier.

Comment le professionnel de la gestion des ressources humaines peut-il agir efficacement?
Un programme de santé et de sécurité efficace, intégrant la bonne compréhension de la violence en milieu de travail et la prévention, doit constituer une priorité absolue pour le service des ressources humaines. La mise en place d’un excellent programme d’aide aux employés (PAE) offrant des services (confidentiels et anonymes) réduira le stress associé aux événements violents et, plus particulièrement, le stress et l’anxiété associés aux agressions non déclarées.

La protection de l’équipe des soins infirmiers
L’application de la tolérance zéro à l’égard de la violence en milieu de travail est le concept fondamental à la source d’un milieu de travail au sein duquel les employés évoluent en sécurité. En fait, à moins que les travailleurs de la santé se sentent en sécurité, il est peu probable qu’ils puissent exécuter leurs tâches de manière optimale. Non seulement doivent-ils être en sécurité, mais ils doivent aussi se sentir en sécurité.

Pourquoi le personnel infirmier constitue-t-il une cible de prédilection?
Les infirmières et infirmiers sont particulièrement exposés aux conflits[3]. Ils font office de point central de relations à multiples facettes. Ils doivent négocier avec le patient, avec sa famille, avec les médecins traitants et avec les autres intervenants du domaine. Le personnel infirmier protège le patient contre l'attitude surprotectrice des membres de la famille et des amis et, très souvent, il doit effectuer les interventions médicales. Si quoi que ce soit tourne mal, chacun a tendance à blâmer l’infirmière ou l’infirmier. Les coupures budgétaires dans le domaine de la santé entraînent encore davantage de stress. Les études ont démontré que le personnel infirmier est davantage exposé à la violence (tant verbale que non verbale) de la part des patients, des membres de leur famille, de leurs amis, de même que des autres membres du personnel. De plus, le personnel non expérimenté craint fréquemment de déclarer de tels incidents. Encore là, le PAE, grâce à sa dimension anonyme et confidentielle, peut s’avérer un moyen efficace de gérer ces tensions.

Le coup de pouce du service de sécurité
Le milieu de travail doit être sécuritaire. Un service de sécurité qui assure une présence évidente et qui cultive une relation de soutien avec le personnel du domaine de la santé peut contribuer de manière efficace au soutien d’une culture thérapeutique.

Apprendre pour éradiquer la violence
Il a été suggéré qu’une formation en prévention de la violence devrait être suivie par chaque membre du personnel et que la démarche devrait comprendre la rédaction et la mise en application d’une politique claire. Des sujets tels que le repérage précoce d’un comportement propice à l’escalade vers la violence, les façons de gérer les situations d’instabilité, la gestion de la colère, la façon de faire appel au PAE, de même que la façon d’inciter quelqu’un à y faire appel, ne sont que quelques-uns des sujets qui devraient faire l’objet d'une telle formation.


Donald D. Paré
, Ph. D., président chez Les Conseillers Donancy

Source : VigieRT, numéro 3, décembre 2005.


1   BIT. Lancement d'une nouvelle initiative contre la violence dans le secteur de la santé, octobre 2002.
2 CLARAVALL, Leslie. « Healthcare Violence: A Nursing Administration Perspective », Journal of Nursing Administration, 26(2):41-46, février 1996.
« Response by Janet R. Cooper to: Workplace Violence in Health Care: Recognized but not Regulated », Online Journal of Issues in Nursing, mars 2005. (http://www.nursingworld.org/ojin)
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