Vous lisez : De la crédibilité à l'influence

Est-il besoin de le rappeler, en ces temps nouveaux où la main-d'ouvre raréfiée prend une importance capitale dans nos organisations, notre rôle de gestionnaire des ressources humaines devient de plus en plus stratégique. Notre fonction évolue. Nous devons prendre notre place à la table de direction, nous en sommes maintenant tous convaincus.

De quoi est-il question alors, sinon de crédibilité et, par suite, d'influence?


La crédibilité est en effet un facteur de persuasion important et fait toute la différence dans l'exercice de l'influence. Il n'est donc pas surprenant qu'elle soit considérée comme une qualité essentielle chez un leader. Comme il est tenu pour crédible par les gens, celui-ci peut avoir de l'ascendant sur eux et même réussir à modifier leurs attitudes et leurs comportements.

Mais cette crédibilité, ce sont les autres qui nous l'accordent, et ce, en fonction de leur perception et de leurs critères. C'est dire que, pour être crédible, il faut être cru par ses interlocuteurs avec qui on a d'abord établi une relation de confiance. Cela semble évident. mais ce n'est pas si facile.

Pour devenir crédible
Pourquoi certains gestionnaires ont-ils de la crédibilité et d'autres non? Qu'est-ce qui conditionne la perception de la crédibilité? Comment faut-il faire pour acquérir et consolider sa crédibilité?

La notion de crédibilité intègre d'abord, selon moi, la compétence. Pour exercer une influence significative, notamment à la table de direction, nous devons d'abord être reconnus comme des experts dans notre domaine. Cela signifie que nous possédons les connaissances approfondies qui nous confèrent l'autorité nécessaire pour proposer des solutions novatrices et convaincantes. De fait, la plupart du temps, plus le leader est jugé expert, plus il est estimé crédible.

Mais notre qualification ne suffit sûrement pas à faire de nous des personnes influentes. Il nous faut également faire preuve de leadership, de créativité, d'une pensée stratégique et proactive. En un mot, pouvoir démontrer que notre travail peut influer sur l'organisation. Cela veut dire aussi faire plus et autrement!

Au delà de ces compétences, pour être crédibles, nous devons aussi manifester d'autres qualités essentielles, tels l'intégrité, la loyauté, l'honnêteté professionnelle et personnelle, l'authenticité, le respect, l'ouverture aux autres et l'écoute. Une bonne connaissance de soi est sans aucun doute le point de départ de la gestion de sa crédibilité.

Une relation de confiance...
Toutefois, la crédibilité ne va pas sans la confiance. Plus que tout, le gestionnaire crédible sait aussi établir et maintenir une relation de confiance avec ses interlocuteurs. Son expertise relationnelle lui permet de communiquer avec aisance et surtout avec transparence, de transmettre un message clair et intéressant, avec impartialité et franchise. Il démontre habituellement une réelle propension à partager l'information. C'est ainsi, grâce à ses qualités de communicateur, qu'il peut être influent.

C'est donc dire que la compétence et l'expertise ne nous suffiront pas pour exercer une influence sur notre organisation. C'est la qualité de notre relation avec nos interlocuteurs, notre capacité à capter leur attention qui conditionneront leur perception de notre crédibilité.

En somme, la recette de la crédibilité est assez simple. Mais attention, personne ne jouit du bénéfice du doute, de nos jours. 

C'est pourquoi je dirais que la crédibilité, ça se bâtit et ça se gère. Nous en sommes responsables et c'est sans doute la seule façon d'augmenter notre capacité d'influence. Et l'enjeu est crucial dans notre profession. Nous ne pouvons plus nous contenter d'agir comme intermédiaire entre la direction et les employés. Sortant de la gestion quotidienne, nous devons transmettre la mission, la culture et les valeurs de l'organisation, appuyer et même promouvoir le changement, implanter de nouvelles pratiques, suggérer des solutions originales. Orientés vers l'action, nous pourrons ainsi inspirer nos équipes pour atteindre les résultats recherchés par l'organisation et assurer le bien-être de nos ressources humaines.

France Dupéré, CRIA, présidente du conseil d'administration de l'ORHRI

Source : Effectif, volume 8, numéro 1, janvier/février/mars 2005

Ajouté à votre librairie Retiré de votre librairie