Vous lisez : Être ou ne pas être consultant en ressources humaines : voilà la question

Selon certaines sources, Hamlet aurait d'abord voulu être consultant en ressources humaines. Sa fameuse question, il l'aurait utilisée plus tard, dans d'autres circonstances bien sûr. Cette question, vous vous l'êtes sans doute quelquefois posée vous-même.

En effet, le secteur du conseil est précisément celui qui enregistre la plus forte croissance au cours de cette décennie. Pour un professionnel de la gestion des ressources humaines, c'est donc là une possibilité qui vaut la peine d'être considérée. Vous comptez peut-être parmi vos amis un consultant en ressources humaines, ou peut-être avez-vous eu l'occasion de travailler avec l'un d'eux dans votre entreprise. Ils arrivent en coup de vent, réalisent le projet dont il s'agit et repartent ensuite vers leur mission suivante. Parfois, il leur arrive de soumettre des idées que vous-même aviez suggérées, sans grand succès, il y a des années. Tout cela semble tellement facile. Mais quelles sont véritablement les chances de réussite? On sait que plus de 80% des nouvelles entreprises en démarrage échouent. Réussir à créer une nouvelle société de conseil est un projet exigeant, en êtes-vous capable? Ce document de présentation consacré à la profession de consultant fournit des indications sur les questions cruciales auxquelles doivent faire face les nouveaux consultants ou ceux qui aspirent à le devenir.

Pourquoi choisir le conseil?

Les raisons pour lesquelles on choisit de devenir consultant varient. Lorsque l'on interroge des consultants qui ont réussi à faire la transition sur ce qui les a motivé, certains thèmes se dégagent.

Défi et stimulation. Bon nombre de consultants occupaient un poste qui ne présentait aucun défi ou dans lequel ils ne pouvaient pas suffisamment utiliser leurs multiples talents. Plusieurs estimaient que le conseil était pour eux la porte de sortie d'une entreprise qui ne leur offrait ni possibilités d'avancement ni perspectives de travail intéressant dans l'avenir. Beaucoup de consultants sont d'avis que le conseil est un domaine d'activité des plus variés. En effet, ils ont à jongler à la fois avec divers clients et projets, et avec les exigences de la commercialisation et de la gestion de leur propre entreprise. Ces défis sont d'un tout autre ordre que ceux que doivent relever la plupart des praticiens en ressources humaines.

Flexibilité. La pratique du conseil vous permet d'avoir plus de maîtrise sur votre horaire, sur vos revenus potentiels et sur le genre de projets auxquels vous allez vous consacrer. C'est cette flexibilité et cette maîtrise, associées à un solide esprit d'entreprise, qui motivent bon nombre de professionnels de la gestion des ressources humaines qui souhaitent avoir plus de contrôle sur tous les aspects de leur vie à faire le saut vers l'univers du conseil.

Transition. Certains consultants ont accédé à ce domaine pendant une période de transition due soit à l'arrivée de la retraite, soit à une perte d'emploi. Bien que, comme vous le verrez plus loin, ce champ d'activité ne soit pas destiné à tout le monde, on constate cependant que certains consultants, qui se sont essayés au conseil pendant une période où ils étaient sans emploi, ont découvert que cette profession leur permettait d'exercer leurs talents d'une façon unique.

Les mythes de la profession de consultant

Il existe presque autant de mythes au sujet du conseil que de plaisanteries circulant sur le métier de consultant. Peut-être avez-vous acquis de fausses impressions sur cette profession au cours de votre pratique de professionnel de la gestion des ressources humaines. Voici les plus communes d'entre elles.

Le mythe. Les consultants peuvent se permettre de travailler quand ils le souhaitent, ils disposent de plus de loisirs et gagnent plus d'argent que les autres professionnels du domaine.

Les faits. Bien que la plupart des consultants établissent leurs propres horaires de travail et disposent de plus de flexibilité, ils doivent cependant se tenir à la disposition de leurs clients pour répondre à leurs besoins. De plus, n'oublions pas que leur temps libre n'est pas rémunéré. D'ailleurs, la plupart d'entre eux déclarent passer beaucoup plus de temps à travailler qu'auparavant (de 60 à 80 heures par semaine). En effet, ils doivent maintenant consacrer du temps à des propositions de projets, à la commercialisation et à la gestion de leur entreprise, ainsi qu'à d'autres tâches non lucratives. Bon nombre déclarent que, s'il est vrai qu'ils gagnaient moins d'argent à l'époque où ils ont débuté en tant que consultants (particulièrement s'ils devaient souscrire leur propre assurance maladie), ce n'est plus le cas maintenant que leur entreprise est bien établie et qu'ils dépassent leur ancien salaire.

Le mythe. Les consultants peuvent sélectionner clients et projets selon leurs désirs.

Les faits. La plupart des consultants constatent ce phénomène étrange : le travail déferle par vagues. Même le cabinet le plus occupé connaîtra des périodes creuses. Et bien qu'il puisse arriver un moment où ils pourront s'offrir le luxe de choisir soigneusement les projets qu'ils accepteront, il y aura des moments dans la vie de presque chacun d'eux, où l'offre et la demande les obligera à se consacrer à des projets qui ne correspondront pas à leur idéal.

Le mythe. Le téléphone sonnera.

Les faits. Peu importe qu'il soit très réputé dans ce domaine, pour réussir, un consultant doit adopter une véritable démarche commerciale; il doit s'attendre à consacrer de 20% à 25% de son temps à la commercialisation. Le téléphone ne sonnera donc que si vous avez consacré suffisamment de temps à la commercialisation au cours des trois à quatre mois précédents.

Le mythe. Le fait de devenir consultant éliminera le stress et la frustration de votre existence.

Les faits. En tant que consultant, vous n'aurez plus à subir les réunions, la bureaucratie et la politique d'entreprise. CEPENDANT, selon toutes probabilités, vous échangerez ces facteurs de stress contre d'autres, tels que les clients difficiles, la paperasserie et les impôts gouvernementaux, les casse-tête pour trouver le temps nécessaire à la commercialisation et pour respecter les échéances trop courtes de certains projets, pour ne citer que quelques exemples.

Le mythe. Vous pourriez travailler comme consultant pendant que vous vous cherchez un nouveau travail.

Les faits. Oui, c'est effectivement une tactique possible. Mais elle donne en général peu de résultats. Démarrer un cabinet-conseil constitue un investissement d'efforts ciblés à long terme. En effet, la plupart des contrats rémunérateurs seront de longue durée et, pour les obtenir, il faudra avoir fourni au préalable des efforts considérables. Le fait d'utiliser le conseil comme carrière intérimaire risque également de nuire à vos recherches d'emploi. La plupart des consultants qui réussissent ont un éventail de talents et une personnalité qui dépasse largement la sphère de la gestion des ressources humaines au sens strict. En voici des exemples.

Les caractéristiques qui contribuent à la réussite d'un consultant en ressources humaines

Les experts ne s'accordent pas tous sur les caractéristiques qui font la réussite d'un consultant, mais ils s'entendent sur le fait que cette transition n'est pas destinée à tous. Si un horaire bien établi et une routine régulière vous conviennent parfaitement, le métier de consultant n'est pas pour vous. Par contre, si vous aimez les défis et que vous souhaitez que chaque jour diffère du précédent, c'est peut-être précisément le travail qu'il vous faut. Les caractéristiques ci-dessous, bien qu'elles ne soient pas indispensables, constituent un bon départ pour démarrer votre auto-évaluation.

Esprit d'entreprise. S'établir à son compte peut constituer une expérience solitaire et menaçante. Il faut avoir un solide désir de maîtriser sa propre destinée et vouloir s'engager à travailler dur pendant au moins cinq ans. Cela requiert de votre part un niveau d'excellence non seulement dans votre domaine d'expertise, mais aussi en affaires.

Solide aptitude pour la communication. En matière de conseil, la communication est la clef du succès. Même si vous possédez des connaissances extraordinaires dans de nombreux domaines, si vous êtes incapable de les partager de façon compréhensible avec des personnes de divers types, vos connaissances resteront inutiles. Il faut que vous soyez en mesure de présenter de l'information, tant verbalement que par écrit, à un public varié, du chef de la direction à l'employé subordonné, et que vous puissiez établir la liaison avec chacun d'eux.

Habiletés analytiques et diagnostiques. Vous devez pouvoir évaluer les personnes, analyser la structure et diagnostiquer les problèmes de l'entreprise. Ce n'est pas tout : il faut pouvoir le faire rapidement et avec un très haut degré de précision. La collecte des données, l'analyse et le diagnostic constituent une partie intégrante de presque tous les projets de conseil. Si ces facteurs ne sont pas exacts dès le départ, on peut s'attendre à un désastre pendant le parcours.

Résolution créative des problèmes. Votre perspective en tant qu'expert externe est ce qui a le plus de prix aux yeux de vos clients. On s'attend à ce que déceliez des choses qui échappent à ceux qui sont plus proches de la situation et à ce que vous trouviez les moyens de résoudre des problèmes difficiles. Le fait de connaître plusieurs façons de faire les choses est une exigence essentielle pour réussir dans ce domaine.

Organisation et autodiscipline. Vous avez probablement travaillé pendant des années pour quelqu'un d'autre, dans un bureau et avec un horaire bien établi. Désormais, vous devrez non seulement établir votre propre horaire, mais plus personne ne viendra quotidiennement jeter un coup d'œil par-dessus votre épaule. Vos seuls examens de rendement proviendront de l'attitude des clients qui choisiront, ou non, de faire de nouveau appel à vos services. Bien que cette perspective puisse vous sembler très attrayante, il vous faudra devenir autonome et devenir votre propre directeur, gérer votre propre comptabilité et, dans la plupart des cas, être votre propre secrétaire. Si vous planifiez d'exercer seul, il faudrait peut-être vous demander si vous êtes capable de vous motiver suffisamment pour travailler en solitaire, sans bénéficier de l'influence synergique de collègues.

Solides compétences de vendeur. Les consultants doivent constamment se vendre et vendre leurs services de conseil. Si la vente vous met mal à l'aise ou si l'idée de vous faire «mousser» vous répugne, vous n'aimerez pas ce travail. Faire la promotion de votre entreprise constitue un travail à plein temps et votre produit est intangible. Pour réussir, un consultant doit acquérir d'excellentes habiletés de commercialisation et de vente et trouver le temps de se vendre constamment.

Comment s'assurer que cela marchera

Si, ayant lu ce qui précède, vous n'avez pas été effrayé, voici encore quelques suggestions glanées auprès de consultants d'expérience. D'après les autres membres du SHRM Consultant Forum Board, il a quelques leçons que la plupart d'entre eux ont apprises «à la dure».

Créez-vous un créneau: en commençant, il est toujours tentant d'accepter tout travail qui survient, dans le but de gagner de l'argent et d'obtenir des références de la part de la clientèle. Pourtant, avant de démarrer, il faut avoir décidé quel type de projets on acceptera ou on refusera. Certains trouvent leur niche dans un secteur particulier ou se spécialisent dans un domaine fonctionnel. Il est très important de définir l'étendue de votre champ de travail afin que les messages que vous envoyez aux clients potentiels soient cohérents. Créez un réseau de consultants à qui vous pourrez adresser vos clients au besoin, en fonction de leur spécialité.

L'établissement des prix est un facteur-clé de votre image et de votre réussite. La plupart des consultants d'expérience déclarent qu'au début, leurs tarifs étaient trop bas, ce qui a faussé le message qu'ils voulaient transmettre quant à leur expertise et à la valeur de leurs services. La grande majorité des consultants affrontent constamment les difficultés de cette question: combien demander et comment? Nous ne pouvons malheureusement pas examiner ce point en détail ici, mais il existe bon nombre d'excellentes sources qui vous aideront à fixer vos honoraires et à déterminer votre stratégie de prix.

Le marché. Toujours le marché. Vous devrez constamment relever ce défi : vous mettre en avant de diverses façons et rappeler aux clients actuels et potentiels les services que vous offrez. En effet, il faut planifier de consacrer de 20% à 25% de votre temps à la commercialisation. Elle peut prendre toutes sortes de formes, telles que la participation à des événements de réseautage, la rédaction d'un bulletin, la mise sur pied d'une campagne de commercialisation formelle ou la publication d'articles. Si cet aspect du travail d'entreprise vous met encore mal à l'aise, essayez de trouver des façons d'en apprendre plus sur le sujet et de l'intégrer à votre travail de manière plus naturelle. Pour rester en affaires, la clientèle est essentielle. Il faudra donc que vous trouviez du temps à consacrer à la commercialisation, même lorsque vous serez débordé.

Construisez une équipe solide. Il y a des chances que vous ne soyez pas très au fait de toutes les complexités de la gestion d'une entreprise. Au départ, trouvez un comptable, un avocat et quelques mentors à qui vous demanderez conseil lorsque viendra le temps de prendre des décisions d'affaires. Cette équipe vous sera précieuse quand vous aurez à vous frayer un chemin dans le labyrinthe des règlements, impôts, licences et de la paperasse.

Profitez-en! Les récompenses et avantages du métier de consultant n'ont pas de prix! Vous assumerez une charge de travail variée et pleine de défis à relever, vous aurez à collaborer à des projets auxquels vous croyez, vous verrez les résultats de ce que vous avez accompli et vous serez rémunéré pour avoir fait quelque chose que vous aimez! Souvenez-vous tout au long de cette expérience des raisons qui ont guidé votre choix et ne perdez pas de vue vos objectifs!

Laura Ford, SPHR, et Tim Orellano, PHR.
Traduit par Francine Lichtert. Reproduit avec l'autorisation de la Society for Human Resources Management. Avril 1999. Révisé en novembre 2002.

Source : Effectif, volume 6, numéro 3, juin / juillet / août 2003

Ajouté à votre librairie Retiré de votre librairie