Traditionnellement, la mobilisation consistait bien simplement à établir une communication ouverte dans l'entreprise et à partager les profits de l'organisation avec les employés afin d'augmenter leur sentiment de contribution. On parlait alors de distribution des bénéfices, de régime d'actionnariat, d'option d'achat d'actions et tout était dit !
Maintenant, pour mobiliser les travailleurs, il faut aller beaucoup plus loin. La mobilisation est devenue une notion complexe, aux multiples facettes. Oui, la répartition des bénéfices peut exister. Oui, la communication en est toujours un élément important. Mais, pour obtenir un engagement profond et durable des employés, les leviers de mobilisation se sont diversifiés et surtout complexifiés.
La mobilisation, c'est versatile !Il ne faut jamais tenir la mobilisation des employés pour acquise. Il est important de comprendre que le niveau de mobilisation des individus peut varier dans le temps, et ce, pour plusieurs raisons. Individuellement, ils peuvent éprouver des difficultés personnelles, soit dans leur vie, soit dans leur travail. Collectivement, ils peuvent être sensibles, et souvent à un point que nous ne soupçonnons pas, aux changements dans l'organisation.
Comme professionnels de la gestion des ressources humaines, nous sommes constamment confrontés aux fluctuations de l'environnement. Souvent, c'est même un processus que nous pilotons ! Que ce soit les fusions, les acquisitions, les restructurations et les rationalisations des effectifs, les changements ont toujours un effet profondément démobilisateur. Les opposants à la mondialisation, entre autres, affirment souvent que c'est le fléau de ce nouveau siècle !
Pour arriver à mobiliser nos troupes, il ne faut surtout pas négliger le contexte organisationnel. Bien le comprendre, c'est déjà entamer une adaptation de la stratégie de mobilisation. Par exemple, lorsqu'une entreprise est en plein développement, la mobilisation par objectifs semble représenter la forme de mobilisation la plus adaptée, visant ainsi à convaincre le personnel de travailler à l'atteinte de la cible fixée. Certaines circonstances particulières peuvent aussi entraîner la mise sur pied de projets mobilisateurs, tel le passage à l'an 2000 qui a mobilisé toutes les entreprises, dans toutes les industries !
Alignement des valeursUn autre élément non négligeable quand on parle de mobilisation, c'est l'alignement des valeurs des individus sur celles de l'entreprise. Et pour y arriver, il faut que le système de valeurs de l'organisation soit cohérent avec les actions mises de l'avant. Pour être mobilisés en vue de la réussite de leur organisation, les employés doivent donc aussi adhérer à la mission de l'entreprise. Cela peut sembler banal, mais il est beaucoup plus facile d'être mobilisé lorsqu'on adhère individuellement à la mission de l'entreprise ! Il arrive souvent que les employés soient démobilisés parce qu'ils sont déçus des actions entreprises par l'organisation ou encore parce que l'entreprise véhicule des valeurs qui vont à l'encontre de leurs propres valeurs.
La mobilisation du personnel ne peut donc pas être imposée et est rarement rémunérée; elle est la plupart du temps spontanée et l'engagement de l'employé est volontaire. Il est engagé dans son travail parce qu'il y prend plaisir. Cette notion de plaisir est d'autant plus importante qu'elle constitue un des principaux motifs de fidélisation de la jeune génération…
Aller de l'avant…Ainsi, il m'apparaît fondamental, pour tout professionnel de la gestion des ressources humaines ou des relations industrielles, de bien comprendre les enjeux organisationnels auxquels son entreprise fait face, autant que les différentes stratégies pouvant favoriser la mobilisation des employés.
Enfin, en maîtrisant bien les enjeux reliés à la mobilisation, nous serons probablement mieux en mesure de prévenir les problèmes de rétention de nos employés… Il va de soi que des employés mobilisés seront moins enclins à regarder ce qui se passe chez le voisin…
Geneviève Fortier, M.A., CRHA est présidente du conseil d'administration
Source : Effectif, volume 5, numéro 5, novembre / décembre 2002