Un sondage CROP-CRHA indique que le harcèlement en milieu de travail est encore très présent. Mené auprès d’un échantillon de 520 travailleurs québécois, il révèle en effet qu’un travailleur sur 5 est témoin ou victime de harcèlement dans son milieu de travail. Par ailleurs, on observe que le harcèlement est plus fréquent chez les jeunes, 26 % des 18-34 ans déclarant avoir été témoins (10 %) ou victimes (16 %).
L’ampleur du phénomène
La définition du harcèlement psychologique comprise dans la Loi sur les normes du travail inclut le harcèlement sexuel au travail et le harcèlement fondé sur l’un ou l’autre des motifs énumérés dans l’article 10 de la Charte des droits et libertés de la personne. Avec une moyenne annuelle de plus de 3100 plaintes pour harcèlement psychologique traitées au cours des trois dernières années à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), le harcèlement en milieu de travail est un phénomène qui ne semble pas s’atténuer.
L’Ordre a également consulté ses membres sur le sujet et les résultats montrent que 3 organisations sur 5 ont reçu des plaintes de harcèlement au cours de la dernière année. La situation est encore plus grave si on tient compte que, selon le sondage réalisé auprès des travailleurs, près de 30 % des cas de harcèlement ne sont pas rapportés à l’employeur.
« Le phénomène est très préoccupant, car son impact se fait directement sentir sur la santé psychologique des travailleurs, le climat de travail et la performance. » commente Manon Poirier, CRHA, directrice générale de l’Ordre.
Le visage des harceleurs
Les données recueillies révèlent que les harceleurs sont le plus souvent des collègues (51 %), mais aussi des supérieurs immédiats (37 %), ces derniers étant davantage mentionnés par les femmes victimes ou témoins de harcèlement (53 %).
L’enquête sur le harcèlement : une étape importante du cycle de prévention
Parfaitement en accord avec l’obligation de l’employeur de prendre les moyens raisonnables pour prévenir le harcèlement psychologique et le faire cesser, l’Ordre estime que la tenue d’une enquête officielle, lorsque survient une plainte, doit absolument être considérée comme un élément fondamental du mécanisme de prévention.
« Les organisations doivent mener une enquête rigoureuse avec des professionnels compétents, comme les CRHA, dès qu’une situation de harcèlement est connue. Les résultats de l’enquête, incluant les recommandations, les mesures et les redressements nécessaires, sont essentiels pour bien gérer la situation en cause et pour assurer une prévention soutenue et efficace d’autres situations potentielles. Par ailleurs, c’est en constatant l’existence de réels mécanismes de prévention au sein des organisations, telle la médiation, et d’enquêtes rigoureuses lors d’une dénonciation que les employés auront confiance aux processus et qu’ils dénonceront plus rapidement les comportements inappropriés. » conclut Mme Poirier.
Le sondage CROP-CRHA s’est déroulé en ligne du 16 au 21 novembre 2016. Au total, 520 questionnaires ont été remplis par les travailleurs salariés québécois.
La consultation des membres de l’Ordre s’est quant à elle tenue du 17 au 24 novembre. 923 conseillers en ressources humaines agréés y ont participé.