Un sondage CROP-CRHA révèle que les travailleurs québécois s’attendent à une augmentation salariale moyenne de 1,8 % en 2017, un pourcentage un peu plus élevé que l’an passé. De leur côté, les organisations québécoises prévoient une augmentation salariale de 2,5 % en 2017. Pour le Canada, tous emplois confondus, cette hausse prévue s’élève à 2,3 %. Depuis 2008, la croissance annuelle moyenne de la rémunération hebdomadaire au Québec se chiffre à 2,1 % (2,2 % au Canada) par rapport à une inflation moyenne de 1,5 % (1,6 % au Canada).
Les travailleurs québécois croient mériter mieux que ce que la réalité leur impose
Même si les travailleurs québécois s’attendent à une hausse de 1,8 %, ils estiment mériter une augmentation salariale près de deux fois plus élevée que celle étant prévue, soit de 3,6 %. On constate donc un écart significatif entre ce que les entreprises québécoises prévoient octroyer à leurs employés (2,5 %), ce que les travailleurs estiment mériter (3,6 %) et ce à quoi ils s’attendent (1,8 %).
« Ces chiffres reflètent bien à quel point tout n’est pas clair pour les travailleurs lorsque vient le temps de parler rémunération et augmentation salariale. En ce sens, nous encourageons les organisations à communiquer davantage et à miser sur la transparence, puisque le danger avec de tels écarts est de créer un sentiment d’iniquité chez les travailleurs, ce qui peut entraîner des conséquences négatives telles que la perte de motivation », a affirmé Manon Poirier, CRHA, directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés.
Augmentations salariales et rémunération hebdomadaire moyenne : deux données différentes
En 2016, les prévisions pour le Québec (+2,6 %) se sont avérées assez justes compte tenu des augmentations salariales effectivement consenties à ce jour par les organisations, qui se situent à 2,5 %. Toutefois, lorsqu’on regarde la rémunération hebdomadaire moyenne des travailleurs québécois, on constate qu’elle n’a augmenté que de 1,1 % entre juin 2015 et juin 2016.
« Il s’agit de deux données différentes. Les augmentations salariales touchent les employés demeurant dans une même organisation, tandis que la rémunération hebdomadaire moyenne touche quant à elle tous les travailleurs, incluant les changements d’emploi, de statut, etc. Néanmoins, l’écart marqué entre ces indicateurs traduit deux phénomènes du marché de l’emploi : la transformation du modèle traditionnel employeur – salariés, ainsi qu’une tendance à diversifier la rémunération au-delà du salaire de base, notamment avec des bonis à la performance », constate Manon Poirier.
Les femmes et les hommes : encore des attentes différentes
Le sondage CROP-CRHA révèle aussi que les femmes estiment mériter des augmentations salariales similaires à celles des hommes. Par contre, elles s’attendent à ce que les employeurs leur en accordent moins. En effet, le pourcentage d’augmentation prévu par les femmes est de 1,6 % alors qu’il est de 1,9 % chez les hommes. Notons par ailleurs que les femmes sont moins enclines à négocier leur augmentation salariale et que seulement 21 % d’entre elles affirment en avoir l’habitude contre 35 % chez les hommes, un écart marqué de 14 %.
« Les attentes inférieures des femmes combinées à leur propension plus faible à négocier leur augmentation salariale pourraient en partie expliquer la persistance des iniquités salariales, et ce, malgré la législation en vigueur depuis maintenant plusieurs années », observe Manon Poirier.
Mentionnons qu’un peu plus de 25 % des travailleurs sondés affirme négocier toujours ou fréquemment leur augmentation salariale annuelle. Toujours selon les données tirées du sondage, les travailleurs qui négocient leur augmentation salariale prévoient obtenir une augmentation plus substantielle que ceux qui ne négocient jamais.
Le sondage CROP-CRHA a été complété en ligne du 12 au 15 août 2016. Au total, 541 questionnaires ont été remplis par les travailleurs salariés québécois.
Les prévisions salariales des organisations présentées par l’Ordre sont tirées d’un condensé des prévisions salariales 2017 projetées par les principaux cabinets de rémunération du Québec et du Canada.