Vous lisez : Le bénévolat, un tremplin pour la carrière?

On considère souvent, à tort, que le bénévolat doit être dénué de tout avantage pour celui ou celle qui le pratique. Découvrez le plaisir de donner tout en y gagnant!

« Le bénévolat, c’est bon pour le CV », répétaient les conseillers en orientation à l’école. Il y a, en fait, une bonne part de vérité là-dedans. Le bénévolat peut en effet s’avérer bénéfique pour la carrière du travailleur, tout en étant enrichissant sur le plan personnel. Uniquement à Montréal, plus de sept cents groupes et organismes ont besoin d’un coup de main. Il existe même des Salons du bénévolat annuels, à l’instar des Salons du livre ou de l’auto!

Au départ, il importe de voir comment on peut s’impliquer comme bénévole, et ce qu’on veut réaliser. Le bénévolat étant par nature désintéressé, examiner ses motivations personnelles aidera à déterminer de quelle manière on peut mettre la main à la pâte. Voici plusieurs façons de s’impliquer comme bénévole et d’intégrer cette action à différentes facettes de la vie professionnelle. 

La carrière humanitaire – Elle s’intègre dans un plan de carrière où le bénévolat est central; on fait bénéficier de ses compétences des causes et des gens qui n’auraient pas autrement accès à des soins ou à des services essentiels. Dans ce cas, il s’agit d’avoir un emploi salarié permanent, mais qui touche à un domaine associatif ou qui implique la participation de bénévoles. Souvent, ces postes sont moins bien payés que l’équivalent dans le privé ou dans la fonction publique. 

Le volontariat – Il est le fait de bénévoles expatriés qui sont sur le terrain, à l'étranger. Il diffère quelque peu du bénévolat au sens pur parce que les travailleurs volontaires reçoivent habituellement des indemnités de subsistance et une couverture sociale (ce que ne permet pas une activité bénévole) et que des conditions s’y appliquent (âge, durée maximale, etc.). Médecins sans frontières et les Peace Corps en sont des exemples connus. Certains expatriés qui ont suivi leur conjoint, mais ne possèdent pas de visa de travail, choisissent aussi de faire du bénévolat dans un domaine connexe à leurs habiletés professionnelles. Ils y voient une manière de garder la main tout en se rendant utiles. 

Le bénévolat régulier – Il consiste à donner de son temps directement a une organisation locale ou à une association, souvent à raison de quelques heures par semaine ou par mois. Ce genre de bénévolat est plus répandu qu’on le croit, et pourtant souvent invisible : l’entraîneur de hockey junior ne perçoit pas son implication comme étant du bénévolat : il coache une équipe! De même pour le membre du club Optimiste ou Lions local : c’est une activité aux retombées sociales et communautaires, où l’on se dévoue pour des causes locales.

Le bénévolat occasionnel – Participer à une marche pour une collecte de fonds, faire des sondages téléphoniques pour une organisation politique, aider à la mise en place d’un festival, un défilé de mode ou tout autre activité habituellement annuelle ou périodique, etc., voilà ce qu’est ce type de bénévolat. Il exige habituellement moins de temps et d’engagement sur une longue période. Les gens à l’horaire surchargé choisissent souvent ce genre d’implication et reprennent du service année après année.

Le bénévolat en ligne – Ce nouveau type de bénévolat, qui s’est développé avec les nouvelles technologies, peut s’intégrer au bénévolat régulier et au bénévolat occasionnel. Il permet d’offrir ses services à partir du bureau sans avoir à se déplacer. Il consiste habituellement à créer des sites Web ou du matériel publicitaire, à mettre des banques de données à jour, à répondre aux courriels, etc. Ceux qui sont intéressés par le mentorat et le tutorat y ont recours également. 

De bonnes raisons d’inclure le bénévolat dans son plan de carrière 
Afficher des aptitudes dans son curriculum vitæ
Un classique. Cela permet de démontrer à un employeur potentiel (ou même actuel) qu’on a des intérêts variés, qu’on s’implique dans la communauté. Des qualités personnelles comme le leadership et le sens de l’initiative peuvent être affichées dans le curriculum vitæ, plus spécialement quand l’expérience professionnelle manque ou que les emplois passés peuvent difficilement en faire la preuve. Toutefois, il faut éviter d’embellir la réalité : en effet, quelle crédibilité accorder à un candidat qui se targue d’effectuer des activités bénévoles régulières alors que cela ne lui est arrivé qu’une ou deux fois? Indiquer cette activité dans un curriculum vitæ implique qu’il s’agit d’une démarche personnelle soutenue. 

Accéder à des bourses, prix et titres professionnels
Jeunes diplômés et professionnels peuvent se démarquer du peloton en démontrant qu’ils ne sont pas que de farouches individualistes. L’engagement communautaire ou bénévole est souvent un trait recherché par les fondations et institutions décernant prix et bourses; là encore, le sérieux de l’implication compte. Quelques programmes universitaires et ordres professionnels demandent par ailleurs qu’un certain nombre d’heures soient consacrées bénévolement à des services d’aide et d’écoute par exemple, avant de décerner les crédits menant au diplôme.

Acquérir une expérience de travail dans un nouveau domaine
On peut profiter de son travail à titre de bénévole pour se faire la main dans un domaine où l’on n’a pas d’expérience sans en faire souffrir sa carrière. En effet, onpardonne plus facilement la bourde occasionnelle ou la faute due à l’ignorance à un bénévole; l’employé ne bénéficie pas de la même indulgence. C’est également un geste utile à poser pour qui envisage de changer de carrière.

Remplir les « trous » dans le CV
Le bénévolat est particulièrement intéressant pour les femmes (et de plus en plus d’hommes maintenant!) qui veulent retourner au travail après une longue absence. Après trois ou quatre ans, voire plus en dehors du marché du travail, bien des choses peuvent avoir changé. S’impliquer dans divers projets permet de maintenir à jour les connaissances qui changent rapidement, dans le domaine de l’informatique par exemple. Il permet de convaincre des employeurs (qui pourraient malheureusement être réticents) que l’employée potentielle a continué à développer les aptitudes personnelles et professionnelles recherchées tout en s’occupant de l’éducation de ses enfants. 

Établir des contacts professionnels
Un avantage particulièrement intéressant pour la carrière est l’engagement dans une association professionnelle reliée à son domaine d’activité ou à celui qu’on envisage. Non seulement il est possible d’avoir accès à un grand nombre de personnes partageant des intérêts similaires, mais aussi à tout autant d’employeurs potentiels. Les informations les plus pertinentes passent par ces associations, ce qui permet du même coup de suivre les changements dans son domaine ou dans l’industrie. Ce type de bénévolat donne l’opportunité de rencontrer également des interlocuteurs de métiers connexes ou encore des clients. Là encore, une formidable porte d’entrée dans la carrière ou un bon coup de pouce à l’avancement de celle-ci. 

Acquérir une équivalence professionnelle
Cette situation touche surtout les personnes immigrées qui désirent obtenir une équivalence de leur diplôme dans leur pays d’accueil. Le bénévolat aide, dans le cas d’immigrants (même si on ne vient que de la province d’à côté!) à pénétrer dans un milieu, à se familiariser avec lui. Utile pour le technicien qualifié, mais récemment arrivé au pays, qui peut ainsi se familiariser avec les manières de faire du milieu autant qu’avec les particularités de la langue québécoise. De la même manière, un stage dirigé peut être encouragé dans le cas de professionnels ayant obtenu leur diplôme hors de la province afin de se voir octroyer le droit d’exercer sur place.

Aider les autres
Parfois, la meilleure raison de consacrer son temps et son énergie à une bonne cause est toute simple : le plaisir de donner! Rendre un peu de ce que l’on a reçu est une fin en soi. Et la satisfaction d’avoir aidé quelqu’un, de réduire des souffrances, d’améliorer un processus ou de rencontrer de nouveaux amis est grande. Elle valorise l’individu, forge le caractère, développe les qualités interpersonnelles et nourrit l’âme. Il est difficile de calculer précisément l’impact direct d’une bonne estime de soi sur sa situation professionnelle, mais il est certain que cet aspect joue un rôle important dans la sélection ou la promotion d’un individu. Un employé bien dans sa peau et dans sa tête performe, tout simplement, mieux.

En conclusion, le bénévolat, c’est plus que de bonnes actions au service de son prochain. Il permet aussi d’élargir son réseau de connaissances, qui sont souvent professionnelles. L’ambiance, plus détendue, est dénuée des tensions inhérentes au contexte du travail. On y découvre une nouvelle facette de l’activité humaine. La passion y est présente, devient le plaisir de l’accomplissement sans les tensions habituelles. La personnalité, aussi, peut se manifester davantage dans le contexte du bénévolat : après tout, nous sommes humains! L’action bénévole, c’est, ultimement, avoir barre sur son environnement.

Pour en savoir plus sur le bénévolat au Québec 
La fédération des centres d’action bénévole du Québec : www.fcabq.org

Stéphanie Lalut, journaliste indépendante

Source : Effectif, volume 10, numéro 4, septembre/octobre 2007.

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