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Santé psychologique au travail : c’est l’affaire de tous

Ce n’est un secret pour personne, les problèmes de santé psychologique au travail coûtent très cher aux entreprises. Aucune n’est à l’abri… Si bien que, selon la Commission de la santé mentale du Canada, les coûts annuels engendrés par la baisse de productivité due à la maladie mentale atteindront 16 milliards de dollars au Canada d’ici 2041. Ça ne fait qu’empirer d’une année à l’autre!

7 juillet 2014
Chantal Bilodeau, CRIA

Que pouvons-nous faire? La solution semble simple, de prime abord. Instaurer des milieux de travail sains, où l’on veille au bien-être des employés, prévenant ainsi l’apparition de problèmes de santé psychologique. Mais dans les faits, les actions entreprises demanderont l’implication de tous, à tous les niveaux de l’organisation.

Rôle de l’employeur

La santé psychologique au travail, c’est avant tout l’affaire des entreprises, qui en supportent le fardeau financier. Celles-ci doivent prendre conscience que la personne n’est pas seule responsable de son état. En effet, l’organisation du travail a parfois un rôle à jouer dans l’apparition d’un trouble psychologique, tel que la dépression ou l’épuisement professionnel. L’employeur pourrait ainsi faire preuve de souplesse, notamment pour faciliter la conciliation
travail/vie personnelle.

La culture de l’entreprise a également une influence importante. Souvent, dans nos milieux de travail, la maladie mentale est un sujet tabou entouré de préjugés, ce qui nuit à la prévention et à l’apport du soutien nécessaire aux personnes atteintes. Les employeurs doivent faire preuve d’ouverture pour faciliter le dialogue et la communication. On parle ici d’un changement culturel majeur dans bien des cas.

Leadership et coresponsabilité

Les gestionnaires de personnes ont un rôle déterminant relativement au climat de travail. Je pense, entre autres, à la reconnaissance au travail, à la gestion des relations et des conflits interpersonnels, à l’organisation et la répartition du travail, pour ne nommer que ceux-là. Ce sont des facteurs de motivation importants et qui peuvent contribuer à la santé psychologique des travailleurs ou, à l’inverse, mener à la maladie mentale.

On le dit de plus en plus : le comportement des employés dans une organisation compte pour beaucoup dans le maintien d’une bonne santé psychologique au travail. Assurer le bien-être des travailleurs, ça ne concerne pas uniquement les gestionnaires et les supérieurs immédiats. Collaborer à trouver des solutions aux conflits, prévenir l’exclusion d’un collègue, dénoncer le harcèlement, voilà de saines pratiques qui peuvent prévenir une détérioration du climat de travail et aussi l’apparition de problèmes de santé mentale.

D’autre part, «Prendre une pause, ç'a du bon!», soutenait le slogan de la Semaine nationale de la santé mentale cette année. On attirait ainsi l’attention sur le fait que chacun est responsable, individuellement, de sa santé psychologique. Prendre soin de soi, avoir des loisirs, faire de l’exercice, en un mot être capable de s’évader…

Un défi pour les professionnels RH

Selon Véronique Dagenais-Desmarais, CRHA, auteure d’un récent dossier d’Effectif (vol. 16, n° 4), « la gestion des problèmes de santé psychologique au travail devient donc un véritable défi pour les professionnels en ressources humaines ».

Dans la pratique, le professionnel RH doit gérer les problèmes après leur apparition : absence, retour au travail… Mais d’abord et avant tout, il doit faire la promotion de la santé en milieu de travail et œuvrer d’une manière préventive à l’apparition des premiers symptômes. D’ailleurs, la notion de mieux-être a été intégrée dans le Guide des compétences des CRHA et CRIA en 2013. Le Guide est assez explicite sur le rôle que doit exercer le professionnel en ressources humaines à cet égard. Nous devons non seulement promouvoir des comportements sécuritaires et de saines habitudes de vie, mais aussi fournir conseil et expertise relativement à la santé, à la sécurité et au mieux-être des employés. C’est notre rôle également d’élaborer des programmes de prévention, de mieux-être, de gestion des invalidités ainsi que d’évaluer la performance de l’organisation à cet égard.

Bref, la santé organisationnelle, c’est aussi l’affaire des CRHA et CRIA par la promotion de la coresponsabilité, de la collaboration et de la santé relationnelle comme valeurs dans les pratiques de gestion.

Chantal Bilodeau, CRIA, présidente du conseil d’administration

Source : Effectif, volume 17, numéro 3, juin/juillet/août 2014.


Author
Chantal Bilodeau, CRIA Consultante RH Chantal Bilodeau
Chantal Bilodeau, CRIA, est actuellement consultante en gouvernance d’entreprise et en gestion des ressources humaines. Elle œuvre dans le domaine de la gestion et des ressources humaines depuis plus de 30 ans et a occupé des postes de direction et des postes clés de vice-présidente aux ressources humaines et de membre de plusieurs conseils exécutifs. Depuis plusieurs années, elle anime des communautés de pratique auprès de leaders en gestion. Très impliquée dans sa communauté professionnelle, elle a été administratrice, trésorière puis présidente du conseil d’administration de l’Ordre des CRHA entre 2009 et 2015. Elle a participé activement à la création de la Fondation CRHA en tant que présidente et administratrice. Auteure et conférencière, Chantal est titulaire d’un baccalauréat en relations industrielles et d’une maîtrise en relations du travail de l’Université Laval. Elle a cheminé vers des études doctorales à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke.