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Comment raviver la flamme qui s’éteint...

Il faut prendre soin de sa carrière, à défaut de quoi la routine s’installe et la flamme s’éteint. Et comme la majorité des gens passent au moins la moitié de leur vie au travail, autant faire en sorte que ce soit stimulant!

7 mai 2013
Nathalie Langis, CRHA | Ivana Lemme

Submergé par les nombreuses requêtes et besoins des clients, le professionnel de la gestion des ressources humaines doit souvent éteindre des feux, travailler en mode réactif. Il passe beaucoup de temps à accompagner les gestionnaires et à créer des conditions propices à l’épanouissement des employés. À travers ce flot incessant de demandes venant de toutes parts, comment peut-il réussir à souffler et à prendre du recul sur sa propre situation?

Chacun souhaite que son travail ait plus de sens, lui permette vraiment d’avoir une influence. Chacun veut s’épanouir, sentir cette étincelle qui fait qu’on ne compte pas les heures, mais que le travail accompli compte.

Selon Michael Bungay Stanier, auteur de Do More Great Work (2010), tout ce qu’un individu fait au travail entre dans l’une des catégories suivantes:

  • zone d’ennui: le travail gruge le temps, engourdit l’esprit, mine la vie (bureaucratie, paperasse, réunions inutiles);
  • zone de compétence: le travail est important, productif, efficace; il y a tant à faire qu’il est facile de demeurer coincé dans cette zone; c’est là que la routine s’installe et qu’il devient difficile d’entrevoir de nouveaux défis plus stimulants;
  • zone d’excellence: le travail a un impact, a du sens, est à la fois excitant et effrayant à cause de l’inconnu.

Travailler en zone d’excellence n’est pas un indice de qualité. C’est plutôt un indicateur du sens et de l’impact du travail. Ironiquement, une personne fait souvent très bien son travail en zone d’ennui.

Le type de travail inclus dans les différentes zones diffère d’une personne à l’autre, même dans une profession similaire. Par exemple, pour certains professionnels en ressources humaines, le rôle-conseil entre dans la zone d’excellence, où ils ont le sentiment d’influencer, alors que pour d’autres, il s’inscrit dans la zone de compétence, comme partie intégrante de leur description de tâches.

Il est pertinent de se demander comment le travail que l’on fait est réparti entre ces trois zones. Certains seront peut-être satisfaits d’un mélange des trois. Mais pour ceux qui ne le sont pas, un changement s’impose. La première démarche à faire est de clarifier sa zone d’excellence, qu’il peut être difficile de départager de sa zone de compétence.

QUELQUES INDICES
Une personne en zone d’excellence... Une personne en zone de compétence...
...est emballée par ce qu’elle fait. ...ne peut se souvenir de ce qu’elle a fait dans la dernière semaine.
...sort de sa zone de confort et est stimulée par le défi qui l’attend. ...s’en tient à sa description d’emploi.
  ...essaie seulement de faire plaisir aux autres sans penser à ses propres intérêts.

Comment trouver sa propre zone d’excellence?

Le meilleur moyen d’optimiser la flamme au travail et de se mettre en valeur est d’allier ses valeurs, son style, ses compétences, ses connaissances et ses champs d’intérêt.

Pour trouver sa zone d’excellence, une personne doit d’abord bien se connaître. Qu’est-ce qui compte vraiment pour elle? Est-ce la collaboration, l’excellence, la rigueur, le plaisir? Quel est son style de communication, de gestion? Quelles compétences et connaissances lui permettent de se démarquer? Quelles sont ses passions?

Le passé recèle des indices qui peuvent la mettre sur la piste de sa zone d’excellence. Penser à certains moments de sa carrière où elle s’est sentie à son meilleur peut l’orienter. Quel était son rôle? Travaillait-elle seule ou en groupe? Quelles compétences ont été utilisées? Cela peut être un moment où elle a senti que son influence auprès d’une personne était marquante, où elle a travaillé à un projet qui a eu un impact significatif sur la mobilisation des employés, où elle s’est sentie exactement à l’endroit où elle pouvait exercer une influence.

Concentration, courage et résilience
Comment en arriver à faire le plus de travail possible en zone d’excellence? Comment se sortir des tâches routinières et de sa zone de confort, et donner plus de sens à son travail? Entretenir la flamme requiert trois ingrédients essentiels : concentration, courage et résilience.

La concentration consiste à garder le cap sur ce qu’on est, sur ce qui est important pour soi et à déterminer où sont les possibilités autour de soi. Ainsi, un professionnel en ressources humaines doit être polyvalent et pouvoir travailler sur plusieurs dossiers simultanément. Toutefois, il doit être conscient des projets qui ont plus de valeur, à la fois pour lui et pour l’organisation. S’il n’est pas en mesure de déterminer ses trois projets les plus importants, il éparpille ses efforts.

Démontrer du courage, c’est entreprendre un projet qui mène vers sa zone d’excellence, un pas à la fois. C’est une chose de trouver en quoi consiste sa zone d’excellence, mais c’en est une autre de passer à l’action, sachant qu’il faudra dire non à certaines choses et que cela ne fera pas que des heureux.

Et enfin, la résilience permet de se relever quand on échoue et de revenir dans le droit chemin quand on s’égare. Quand c’est difficile, audacieux, exigeant et qu’on fait, malgré les obstacles, le prochain pas vers sa zone d’excellence, on fait preuve de résilience.

Si l’emploi actuel ne permet pas de travailler dans sa zone d’excellence… il n’est jamais trop tard pour en changer. Pourquoi se contenter d’une flamme vacillante?

Pour entretenir sa flamme…

Laisser tomber sa description d’emploi – Elle reflète la zone de compétence. Transformer ce que l’on fait en projet qui a un début, un milieu et une fin ainsi qu’un objectif à atteindre.

Se fixer des objectifs inspirants à court terme – Commencer chaque journée en choisissant une action avec un fort impact et deux autres avec un impact élevé, qu’on sera fier d’avoir réussi. Le lendemain, revenir à la liste de la veille, cocher ce qui est fait et définir ses objectifs de la journée.

Décider ce à quoi on dira non – Cela signifie d’éliminer de façon délibérée et stratégique les tâches non essentielles. Il faut apprendre à maîtriser l’art de dire oui. On doit préciser la demande : « Suis-je la bonne personne pour y répondre? Avez-vous considéré une autre personne? Quelles sont les attentes? Que voulez-vous dire par “urgent”? »

Ne pas chercher la perfection à tout prix – Se contenter parfois de faire les choses adéquatement. Atteindre l’excellence dans tout est impossible. Ce qui ne veut pas dire de ne pas bien faire son travail. Quand on investit trop de temps dans une tâche qui doit être seulement adéquate, on crée son propre problème. Il est préférable de garder son temps, son énergie et sa passion pour le travail vraiment stimulant!

Nathalie Langis, CRHA, vice-présidente et chef de pratique, gestion de carrière, et Ivana Lemme, C.O., conseillère, Optimum Talent

Source : Effectif, volume 16, numéro 2, avril/mai 2013.


Nathalie Langis, CRHA Fondatrice Institut Dynamo

Détenant près de 20 ans d’expérience comme consultante en développement organisationnel et comme gestionnaire, Nathalie Langis a accompagné de nombreuses organisations dans le cadre de transformations et d’initiatives visant à améliorer la mobilisation des employés. Diplômée avec mention du NeuroLeadership Institute, elle a également terminé une formation en neurosciences de la Neuroscience Academy en Australie ainsi qu’en leadership du changement avec David Cooperrider de la Case Western Reserve University.

Nathalie croit qu’une meilleure connaissance du fonctionnement de notre cerveau peut révolutionner la façon dont les individus, les équipes et les leaders remplissent leur rôle au travail. Passionnée de neuroleadership, elle transpose la science en application pour accélérer la performance, activer le changement et accroître la mobilisation et le bien-être au travail.


Ivana Lemme Conseillère