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Les risques psychosociaux : une vision éthique de l’organisation

La judiciarisation des risques psychosociaux dans la modernisation de la Loi sur la santé et sécurité du travail est une étape marquante dans la réflexion éthique de nos milieux de travail.
30 avril 2024
Manon Perreault, CRHA

Il me fait un grand plaisir, à titre de nouvelle présidente du conseil d’administration, de prendre la plume pour la première fois. Le rôle de présidence vient avec un grand privilège de pouvoir vous écrire plusieurs fois par année. Je souhaite que mes mots puissent vous aider et surtout vous faire réfléchir à votre rôle si important dans notre société.

Depuis les dernières années, les organisations sont confrontées à de multiples changements qui bouleversent nos pratiques à titre de CRHA et CRIA. Que l’on aborde des sujets comme la santé mentale, l’EDI (équité, diversité et inclusion), le harcèlement psychologique et sexuel, l’organisation du travail (télétravail, mode hybride), la pénurie de main-d’œuvre et l’intelligence artificielle, ces changements nous obligent à repenser nos milieux de travail et à nous élever comme professionnelles et professionnels à une réflexion encore plus sociale de notre rôle.

La judiciarisation des risques psychosociaux dans la modernisation de la Loi sur la santé et sécurité du travail est une étape marquante dans la réflexion éthique de nos milieux de travail. L’analyse préventive de ces risques s’inscrit dans une perspective d’un management responsable qui lui s’inscrit dans l’opérationnalisation du développement durable. Il faut repenser notre vision et nos croyances afin que la productivité des organisations ainsi que le bien-être des personnes et de la société soient considérés dans leur ensemble.

La santé mentale étant un enjeu de société dont on se préoccupe de plus en plus, il est dorénavant reconnu que celle-ci n’est pas uniquement liée à des facteurs individuels. Notamment, l’environnement organisationnel et les conditions de travail représentent d’importants facteurs d’influence, ce pour quoi il est de la responsabilité sociétale des organisations d’agir activement.

Bien que cela favorise le bien-être, le fait d’inclure aux conditions de travail un programme de santé et mieux-être, ou de mettre à la disposition du personnel des cours de yoga ou de nutrition, cela ne suffit pas à prévenir les risques. Il faut cibler l’organisation quant à ses processus de gestion dans l’ensemble : développement des compétences des gestionnaires, gestion des horaires, flexibilité, conditions de travail, stratégies de communication, etc.

Il faut voir l’analyse des risques psychosociaux comme une vision éthique de l’organisation et non comme une autre obligation juridique imposée à l’organisation. Plus les risques psychosociaux seront considérés dans les principes de gestion, plus l’organisation, les personnes et la société en général y gagneront. C’est ici que l’éthique prend son sens, soit en créant un espace de réflexion sur les enjeux que peuvent potentiellement soulever nos actions en organisation. Il s’agit de prendre soin de nous tous, ensemble, et de considérer aussi les autres.

À titre de CRHA et CRIA, votre rôle est crucial dans l’intégration d’une culture préventive, puisqu’il est au centre de l’analyse et de la prévention des risques psychosociaux. Rassurez-vous, ces risques, vous les connaissez sans doute déjà! Il faut maintenant appuyer vos actions par la mise en place d’un cadre vous permettant de les repérer, les analyser et les mesurer. Documenter les risques vous permettra de bien les gérer et d’établir un plan d’action adéquat.

Je souhaite que cette édition vous permette de clarifier et de comprendre ces risques et de savoir comment les mettre en œuvre pour de meilleurs milieux de travail sains, sécuritaires, mobilisateurs et en santé.


Author
Manon Perreault, CRHA Présidente du conseil d’administration de l'Ordre des CRHA

Source : Revue RH, volume 27, numéro 2 ─ AVRIL MAI JUIN 2024