Vous lisez : Le congé de paternité, encore tabou dans les organisations?

À l’aube de la journée internationale de l’homme, regard sur la perception
dans les milieux de travail québécois de la prise de congé par les pères

Montréal, le 18 novembre 2015 – La prise d’un congé par le père à la naissance d’un enfant est encore mal perçue dans certains milieux de travail québécois, selon un sondage CROP-CRHA mené auprès des travailleurs. De plus, la moitié des hommes considèrent que la prise d’un congé de paternité peut leur nuire professionnellement. Heureusement, plus d’hommes qu’avant se prévalent des congés auxquels ils ont droit.

Congés de paternité

Moins bien perçue par la direction que par les collègues
Un travailleur sur 3 considère que la prise d’un congé par le père à la naissance d’un enfant est mal perçue par la direction de leur organisation. Par contre, cette pratique semblerait davantage encouragée par les collègues, alors que plus de la moitié des travailleurs l’affirment.

« Cette perception plus sévère envers l’employeur s’explique notamment par une plus grande appréhension de la réaction du patron qui sera obligé de composer avec cette absence. » explique Mme Francine Sabourin, CRHA, de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés.

Encore du chemin à parcourir
Un écart de perception entre la prise de congé par la mère ou par le père est notable. Un sondage de l’Ordre auprès de ses membres CRHA révèle que la presque totalité des dirigeants encourage la prise du congé parental (partageable entre les parents) par la mère. Si seulement 3 % d’entre eux démontrent de la réticence pour la mère, le taux grimpe à 29 % lorsqu’il est question du père. Selon les CRHA, les collègues perçoivent également moins bien la prise du congé parental par le père plutôt que par la mère.

Le régime du Québec, un modèle à suivre
Le Québec est la seule province du Canada où des congés de paternité sont prévus à la loi, en plus des congés parentaux. Son régime fait également très bonne figure dans le monde alors que la province prévoit jusqu’à 5 semaines rémunérées exclusivement pour les pères, alors que le Royaume-Uni en accorde seulement 2 et les États-Unis, aucune.

Il faut souligner que la prise de congé par les pères évolue de manière positive depuis l’instauration du Régime québécois d’assurance parentale. En effet, selon les données du Conseil de gestion de l’assurance parentale, 78 % des naissances ont donné lieu à des prestations du RQAP aux pères en 2014, alors que ce taux s’élevait à 69 % en 2006. De plus, les pères prennent en moyenne 9 semaines de prestations du RQAP, ce qui est davantage que les 5 semaines de congé de paternité (exclusif aux pères) prévues.

Le RQAP bonifié par des organisations québécoises
Un certain nombre d’organisations offrent des prestations complémentaires à celles du RQAP. C’est du moins ce que mentionnent 32 % des CRHA sondés. De plus, 23 % des CRHA affirment que des mesures facilitant le retour au travail après un congé parental sont instaurées, notamment le retour au travail progressif (67 %), les horaires de travail réduits (52 %) et le télétravail (26 %).

« Le Québec peut être fier du RQAP ainsi que de la culture de conciliation travail-vie personnelle présente dans plusieurs organisations québécoises. Toutefois, il y a encore des efforts à fournir, principalement dans les milieux de travail à prédominance masculine, afin d’éliminer complètement les perceptions négatives de la prise de congé par les pères, assurant ainsi une réelle équité. » conclut Mme Sabourin.

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