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Pour la sécurité des travailleurs : la prévention d’abord

Tout récemment, un jeune mécanicien a perdu la vie sur le site de l’aéroport de Montréal, écrasé par un tracteur de dix-sept tonnes. Le travailleur changeait un pneu sous le véhicule qui sert à tirer des avions quand celui-ci s’est effondré. Fait divers tout simplement?

9 octobre 2012
Martine Drolet, CRHA

Je pense plutôt que c’est un autre accident dramatique qui a coûté la vie à un travailleur et qui n’aurait pas dû se produire. Ce qui amène fatalement certaines questions… Gérons-nous bien les risques dans nos entreprises? Avons-nous relâché notre attention envers la sécurité des employés?

Il y a sur les lieux de travail des risques qui constituent un danger pour la santé et même la vie des travailleurs. Bien présents, ils sont liés à l’environnement, aux équipements de travail, au bruit, à la violence et au harcèlement, et ainsi de suite. Et ils causent accidents du travail et maladies professionnelles. Certains sont inhérents au travail, d’autres peuvent être évités…

Une responsabilité sociale de l’employeur…
Bien évidemment, les employeurs sont responsables des dangers engendrés par leur organisation. La prévention des risques professionnels relève donc de leur responsabilité sociale. Ils doivent avoir un souci constant de la sécurité et du bien-être de leurs salariés.

Toutefois, en matière de prévention, c’est nous qui sommes sur la ligne de feu, à titre de conseillers en ressources humaines. Gardiens en quelque sorte de la santé et de la sécurité des travailleurs, nous nous devons de guider les gestionnaires dans la gestion des situations à risque et la mise en œuvre de pratiques de travail sécuritaires. C’est notre devoir également de conseiller les dirigeants sur la mise en place de procédures visant à diminuer, voire à éliminer les risques d’accidents du travail.

Une démarche méthodique de prévention des risques
Si elle permet de préserver la santé et même la vie des travailleurs, la prévention des risques ne peut qu’être profitable à l’employeur. En effet, les coûts liés aux accidents du travail et aux maladies professionnelles sont faramineux et peuvent nuire à la santé financière de l’entreprise. Souvent, c’est à la culture même de l’organisation qu’il faut s’attaquer…

Ce changement commence selon moi par un processus systématique de prévention.

Le dépistage des risques présents dans le milieu de travail constitue bien sûr l’étape numéro un de toute démarche de prévention. Il faut définir la pénibilité de chaque poste ou groupe de postes – contraintes physiques, rythme de travail intense, environnement agressif, pratiques de travail non sécuritaires, etc. –, puis évaluer le danger lié à l’exposition potentielle à ces risques.

Suivra la mise en place d’une politique de prévention qui indiquera clairement l’engagement de la direction à améliorer la sécurité au travail et qui inclura des actions préventives spécifiques. Celles-ci feront suite à un questionnement sur les façons d’éviter la réalisation des risques identifiés. Il faut en effet combattre les risques à la source, ce qui peut vouloir dire de repenser la conception des postes de travail et de production, de limiter le travail répétitif, de remplacer les outils dangereux par d’autres, mieux adaptés, etc. Sans oublier l’information et la formation données à tous les employés pour les sensibiliser à leur devoir de préserver leur sécurité et celle des autres.

Et enfin, il nous faut définir des indicateurs pour mesurer l’efficacité des mesures mises en place et qui seront significatifs pour ceux qui ont le contrôle des finances de l’organisation.

Impliquer toutes les parties prenantes…
Nous devons garder en tête que toute démarche de prévention exige l’engagement de tous les intervenants, de la direction aux travailleurs eux-mêmes. Un comité consultatif en santé et sécurité, composé de représentants de tous les niveaux hiérarchiques, permettra d’impliquer l’ensemble de l’organisation.

Nous avons aussi un rôle de persuasion à jouer auprès de la haute direction pour la convaincre de la nécessité et de la rentabilité des mesures de préservation de la santé physique et mentale des salariés. Selon moi, le meilleur moyen de mobiliser les dirigeants de l’entreprise, c’est de leur présenter un projet qui répond à leurs préoccupations.

C’est ainsi, grâce à une démarche bien structurée, que nous contribuerons à développer une culture de prévention en matière de santé et sécurité dans nos organisations.

Martine Drolet, CRHA, présidente du conseil d’administration

Source : Effectif, volume 15, numéro 4, septembre/octobre 2012.


Martine Drolet, CRHA