La prise de décision est certainement l’acte professionnel qui trahit le plus clairement qui nous sommes en tant qu’individu. C’est aussi probablement le mécanisme le plus révélateur de la véritable culture d’une organisation. Il s’agit d’un processus parfois complexe – sauf dans une autocratie! –, dans lequel cohabite les préférences, les insécurités et les intérêts de chacun. Dans quelle mesure votre organisation prend-elle ses décisions de façon collégiale? Êtes-vous parfois paralysés par l’analyse? Avez-vous plutôt tendance à vous lancer rapidement dans votre empressement à saisir une opportunité?
Les décisions d’affaires ne sont toutefois pas celles qui exigent le plus de courage. Au fil des années, il m’est apparu très clairement que les décisions les plus difficiles que les gestionnaires ont à prendre en organisation sont celles qui sont liées à la gestion du rendement, à l’humain. Combien de fois, en tant que CRHA, ai-je coaché des gestionnaires qui devaient aborder une discussion difficile avec un de leurs employés? Malgré cela, bien souvent durant la fameuse rencontre, le message qu’ils communiquaient à l’employé était tellement enrobé que celui-ci était incapable de saisir toute l’ampleur de l’avis qu’on venait de lui donner.
C’est quand on devient gestionnaire à son tour qu’on apprécie, avec humilité, la difficulté de traiter un problème de rendement, surtout quand l’employé concerné travaille fort et fait preuve de bonne volonté. Il y avait quelque chose de précieux dans ma capacité d’être objective face à une telle situation lorsque j’accompagnais des gestionnaires dans mon rôle de CRHA. Je n’avais aucun mal à faire montre d’empathie tout en gardant une certaine lucidité, par contre, en tant que gestionnaire, mon attachement à la personne et à la responsabilité que j’estimais avoir face à elle pouvait parfois freiner ma liberté d’action.
Ces décisions, il faut toutefois avoir le courage de les prendre. En fait, je ne sais pas si c’est tant du courage que cela requiert; je crois que ces décisions deviennent évidentes quand on ne pense pas qu’à la personne concernée, mais quand on considère aussi ses pairs, son équipe. Avoir le courage de prendre des bonnes décisions qui sont liées à l’humain, c’est en fait respecter tous les acteurs de l’équipe, c’est voir au-delà de notre relation avec cette personne, de notre impression d’avoir parfois échoué comme gestionnaire. Ce courage, on le doit à l’équipe, on le doit à l’organisation, et, à quelque part, on doit aussi cette honnêteté à la personne concernée. Si parfois vous pensez manquer de courage pour prendre une décision que vous savez pourtant nécessaire, ceci après avoir fait tout ce que pouviez pour accompagner un employé, armez-vous de votre intégrité et de votre considération pour tous les membres de votre équipe, et allez-y, avec respect et empathie. Vous verrez, cela sera beaucoup plus simple que vous l’imaginiez.