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VUCA : La science et les talents pour survivre à son environnement

Outil scientifique ou esprit scientifique? Quel est le plus important? Dans les processus de transformation, le plan, les tests et les pratiques exemplaires sont souvent utilisés avec l’espoir de faciliter les transformations et de mener au succès de la démarche.
22 octobre 2018

Malgré les recherches sur le changement, c’est encore la majorité des transformations qui ne se réalisent pas si facilement. Comment l’esprit humain peut-il faciliter les transformations?

Plus de la moitié des transformations organisationnelles n’atteignent pas les résultats escomptés, même si une gestion de projet efficace a été réalisée (Line Giroux, Colloque annuel 2018 de l’Ordre des ingénieurs du Québec). On sait que le facteur humain constitue une variable très importante dans la réussite de tout projet de transformation.

Les outils scientifiques aident à comprendre, mais aident peu à réaliser les transformations, du moins lorsqu’il s’agit d’impliquer des humains dans ces transformations. L’esprit scientifique, qui implique le doute, l’observation, les hypothèses, l’expérimentation ou le prototypage (essai-erreur), nous permet de nous forger notre propre expérience. Trop souvent, l’outil technologique est perçu comme étant garant de la vérité, alors que l’esprit scientifique nous permet de nous réapproprier l’expérience et de voir l’outil en tant qu’outil et non en tant que solution. Les changements qui impliquent des humains nous demandent d’être présents et attentifs, et les gens de RH y sont impliqués comme expérimentateurs et participants.

Dans un contexte où la technologie évolue rapidement, les professionnels RH ne peuvent pas investir toutes leurs ressources ou déléguer toutes leurs responsabilités sur les outils ou les méthodes. Les besoins, eux aussi, évoluent rapidement, et les professionnels RH doivent réaliser qu’un nouvel outil, plus objectif et efficace, sera disponible sous peu. C’est la dégénérescence et la perturbation accélérées. Les choix et les solutions sont complexes.

De même, sur le plan démographique, la science statistique démontre que la démographie n’est plus suffisante pour combler les emplois vacants et que les gens qui approchent de la retraite n’auront pas assez d’économies pour bien vivre leur retraite. Les sciences de la santé, quant à elles, révèlent le potentiel qu’ont les gens de vieillir en santé. Toutes ces informations impactent les RH. Les solutions innovantes viendront des esprits créatifs.

Malgré les connaissances acquises, il est difficile d’accompagner les gens à travers les transformations que vivent les organisations. Les philosophes et les psychologues du mieux-être nous invitent à sortir du « pilote automatique » engendré par le fait que les gens qui occupent des postes de gestion mettent leur confiance dans les plans, les outils et l’expertise en silo pour se désengager de la démarche, alors que nous devons y être présents sans nous y laisser emporter. C’est le défi de l’ajustement mutuel, un concept qui existait déjà dans la première édition du best-seller de Henry Mintzberg, Structure et dynamique des organisations (1982). Pour bien s’ajuster, les professionnels RH sont invités à façonner leur pensée critique, leur pensée créative et leur pensée bienveillante afin d’accompagner avec succès et empathie les humains au coeur des transformations. Il s’agit d’accompagner les deuils en même temps que l’espoir. Tel est le rôle qui revient aux gens de RH en entreprise. La transformation numérique ne peut pas accomplir cette fonction, même s’il existe maintenant des chatbots pour gérer l’anxiété, tels que Mr Young sur Messenger.

Pour créer leur valeur ajoutée et accompagner tant les gens que les équipes dans les transformations de l’ère numérique, les professionnels RH doivent acquérir et déployer trois types de pensée de manière constante : la pensée critique face aux tendances et aux outils, la pensée créative face aux défis complexes, et la pensée bienveillante face au vécu humain en transformation.

Les transformations sont à la fois des défis et des opportunités. Elles sont une occasion de marquer la valeur ajoutée des RH au sein des organisations, car les succès organisationnels sont toujours des succès humains.

Références bibliographiques

  • GIROUX, Line (2018, mai). Réussir sa transformation organisationnelle grâce à la gestion du changement! Communication présentée au Colloque annuel 2018 de l'Ordre des ingénieurs du Québec, Montréal.
  • MINTZBERG, Henry (1982). Structure et dynamique des organisations. Paris, Éditions d’Organisation, 434 pages.
  • BESSON, Patrick et Frantz Rowe (2011, mars). « Perspectives sur le phénomène de la transformation organisationnelle ». Systèmes d’Information et Management, vol. 16, no 1, p. 3-34.
  • SASSEVILLE, Michel (2016, 22 novembre). « La pratique de la philosophie à l’école : pensée critique, pensée créative et pensée attentive ». philoenfant.org.
  • JUUSO, Hannu (2007). Child, Philosophy and Education. Discussing the Intellectual Sources of Philosophy for Children [Thèse de doctorat]. Université d’Oulu.

Pour aller plus loin


Source : Revue RH, volume 21, numéro 4, octobre/novembre/décembre 2018