Au cours des derniers mois, le sujet pour lequel j’ai été le plus sollicitée pour des conférences, c’est la légalisation du cannabis. Moi qui ne connaissais du cannabis que l’odeur – celle qui flottait dans l’air à l’entrée du Forum quand j’allais assister à un événement – je suis désormais en mesure de vous citer les tests de dépistage disponibles, leurs différences et limites, les effets du cannabis et aussi de vous parler des taux de THC du cannabis des années 70 comparés à ceux d’aujourd’hui. Me voilà avec de nouveaux savoirs… mais il paraît que ça ne comptera pas pour mes heures de formation continue. Zut!
Ce que j’ai appris aussi, à partir d’un sondage effectué par l’Ordre en juin 2018, c’est que 50 % des organisations au Québec disent ne pas être prêtes à la légalisation du cannabis, soit exactement le même pourcentage obtenu à la même question en octobre 2017.
Pour moi, l’histoire de la légalisation du cannabis incarne bien la réaction au changement des organisations. Certaines, dès l’annonce, sont passées à l’action : politique, formation, soutien, tout est prêt. D’autres paniquent, anticipant de grands malheurs. Plusieurs ne se sentent pas concernés. D’autres, enfin, se disent que ce sera comme gérer l’usage de l’alcool, pas de souci.
Qui a raison? Je ne sais pas, et puis de toute façon, ce n’est pas tant le but de mon propos. Oui, la légalisation du cannabis est un changement qui a été annoncé et pour lequel nous avions du temps pour nous préparer. Mais les autres changements à venir sont tels qu’on parle de transformations. Le virage numérique, l’arrivée de l’intelligence artificielle, les nouvelles formes d’organisation du travail, ce sont des bouleversements profonds de l’univers du travail. Ce que je veux rappeler, c’est que des changements, nous en avons vécu de très grands depuis des décennies et que comme profession, nous étions là pour soutenir les individus et les organisations dans le passage obligé ou souhaité. La seule différence aujourd’hui, c’est qu’on peut faire plus que soutenir les gens organisés, les collègues paniqués, ou ceux que rien ne fait broncher. Il faut mener ces transformations, pas seulement les accompagner. Il faut en être les initiateurs, pas juste les conseillers. Il s’agit de gestes qui exigent de nouvelles compétences, vrai, mais surtout du courage et de la confiance en soi et une ferme conviction de la valeur de notre profession et de son futur que j’entrevois extraordinaire!