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Six piliers critiques : développer son influence

L’influence repose sur six piliers critiques, sur lesquels des sommités de la gestion des ressources humaines se sont penchées lors d’une conférence organisée par l’Ordre des CRHA.

23 juillet 2018
Véronique Champagne

1. La clarté

Adapté du panel Congrès RH 2017 animé par Isabelle Lord, CRHA.

« Il s’agit simplement de s’exprimer de façon à être compris, dit Isabelle Lord, CRHA. Outre une intention bien définie dans le dialogue, il faut prendre soin d’exercer ses habiletés de synthèse afin de ne pas se perdre dans les détails. »

« Pour bien se connecter à ses interlocuteurs, il faut utiliser leur langage et non celui de la profession », ajoute Pierre Miron, chef des opérations et des technologies de l’information à la Caisse de dépôt et placement du Québec. À éviter : tout acronyme et jargon incompréhensible pour les gens hors du cercle des ressources humaines.

2. La présence

La façon dont on porte le message influence aussi son parcours. « Avoir une bonne présence, c’est prendre la place qui nous revient sans douter qu’elle nous revient  », dit Isabelle Lord.

« Il faut d’abord être authentique, sans quoi personne n’y croira », pense Joëlle Boisvert, associée-directrice du bureau de Montréal de Gowling WLG.

« La santé globale a aussi son rôle à jouer, croit Marc Gauthier, CRHA, vice-président ressources humaines chez BMR. Avoir une bonne santé physique et psychologique fait toute une différence. »

3. La qualité d’interaction

Les grands leaders ont une facilité à entrer en relation et à installer un dialogue riche avec l’autre.

« Encore une fois, l’authenticité est un prérequis essentiel pour l’instauration d’un climat de confiance, lui-même indispensable aux échanges constructifs de qualité  », dit Pierre Miron.

Pour le responsable de la transformation de la Caisse de dépôt et placement du Québec, cela passe par une connaissance de l’autre (ses intentions, ses objectifs, ses motivations, sa situation) : « Sans devenir invasif, on doit être à l’écoute et poser de bonnes questions. Sentir qu’on est digne d’intérêt est une base solide pour une relation. »

4. Le courage

Des postes de décision importants s’accompagnent inévitablement de discussions ou de prises de position difficiles. Les gestionnaires qui ont du succès les attaquent sans sourciller.

« La procrastination ne devrait jamais être une option, dit Joëlle Boisvert. Le statu quo envenime les relations et les situations, en plus d’affecter notre courage. » Elle conseille de se lancer sans hésiter : « Moins on attend, plus c’est facile… et plus ce sera facile la prochaine fois, alors qu’on aura déjà exercé son courage. »

Selon Pierre Miron, cette qualité est extrêmement respectée en entreprise : «  Les gens préféreront toujours des démonstrations de courage managérial plutôt que le silence. »

5. L’esprit de corps

On retrouve bien peu de loups solitaires parmi ceux qui manifestent une influence durable. Ces joueurs d’équipe ont plutôt l’habitude d’identifier et de valoriser le rôle de chacun. « Cela devrait être notre priorité en tout temps, pense Joëlle Boisvert. » Un influenceur croit qu’au sein d’une entreprise, tous ont le potentiel de rayonner et de devenir des ambassadeurs. Et il n’est pas question ici de hiérarchie, selon elle.

« Aujourd’hui, tout est une question de collaboration. Alors que l’échec est individuel, le succès est toujours collectif », dit Pierre Miron. Ce climat de partage alimente en outre d’autres succès et encourage la mobilisation : plus on a de volontaires pour nous suivre, plus on développe notre influence durable!

6. La réputation

« La réputation, c’est très simple : c’est notre ticket d’entrée sur le mandat qu’on nous confie », résume Pierre Miron. Une fois la porte franchie, il faut bien sûr être fidèle à cette réputation, qui est et sera toujours sujette à évolution.

« Il ne faut pas avoir peur de se “marketer” : nos bons coups méritent qu’on les mette de l’avant », dit Marc Gauthier.

« On le fait pour soi, mais aussi pour les collègues et collaborateurs, ajoute Joëlle Boisvert. En devenant le porte-parole des succès des autres, on alimente l’esprit de corps. »

Mesurer l’influence?

L’influence s’apprend et se développe. Mais peut-on aller trop loin? « Lorsqu’on écarte la notion de pouvoir et les intérêts personnels, on voit bien qu’il n’y a pas de limite à l’influence, dit Pierre Miron. On ne peut jamais être trop influent! »


Véronique Champagne 37e AVENUE

Source : Revue RH, volume 21, numéro 3, juillet/août/septembre 2018