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L’humain, l’un des plus grands défis des organisations du 21e siècle

Il y a eu une époque pas si lointaine où le concept même de santé organisationnelle, tel qu’on le définit aujourd’hui, n’existait à peu près pas dans le vocabulaire. Au mieux, on l’assimilait à la santé financière de l’organisation, ce qui, dans les faits, était probablement une forme de rectitude politique appliquée pour parler de performance financière.
1 août 2018
Manon Poirier, CRHA

Puis, bien qu’encore largement méconnu, le Britannique John Elkington introduisait à la fin des années 1990 le concept de triple bottom line, ou en français triple bilan. Ce modèle me semblait déjà un pas dans la bonne direction, puisqu’il mesurait la performance des organisations, non pas en fonction de leurs profits, mais plutôt selon leur contribution à la prospérité économique globale et à la qualité de l’environnement, de même que selon leur capital social, notamment en faveur de leurs employés. La littérature ajoute depuis quelques années, fort à propos, un quatrième pilier à ce modèle, soit la capacité de l’organisation à se projeter dans le futur.

Si le modèle du triple bilan invitait à la valorisation du capital humain, il est évident que notre profession a décuplé sa portée d’un point de vue social. C’est un apport important des professionnels en ressources humaines d’avoir su, tranquillement me direz-vous peut-être, mais sûrement, contribuer à élever la notion de santé organisationnelle au-delà de la ligne de profit, du bottom line.

La santé organisationnelle a comme prémisse de mettre l’humain au centre des organisations. Et focaliser sur l’humain dans toute sa complexité, tout d’abord en reconnaissant son unicité, puis en décodant ses interrelations avec les autres, c’est beaucoup moins simple que de se concentrer sur les chiffres. Ça exige de savoir composer avec les nuances de gris (non, non, pas celleslà…), alors qu’il y avait quelque chose de rassurant avec les données financières. C’est sans équivoque, deux plus deux feront toujours quatre. Mais l’être humain est tellement moins prévisible, constant, pareil.

Se mesurer à l’humain, c’est pourtant ce que devront faire de plus en plus les organisations, alors que l’automatisation et l’intelligence artificielle viendront accomplir les tâches routinières et mécaniques des travailleurs. Et quand on aura sorti le robot de l’humain, on aura davantage le loisir d’embrasser la diversité, l’intelligence émotionnelle et culturelle et l’innovation inspirante et créatrice de valeur! Une complexité avec laquelle nous, CRHA et CRIA, sommes bien habitués à travailler. À notre santé!


Author
Manon Poirier, CRHA Directrice générale Ordre des conseillers en ressources humaines agréés

Comptant plus de 25 ans d’expérience dans le domaine des ressources humaines, Manon Poirier, CRHA occupe, depuis 2016, le poste de directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, organisation dont la mission est de protéger le public et d’encadrer la profession des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA) et des conseillers en relations industrielles agréés (CRIA).

Femme engagée, elle a la réputation de contribuer à faire émerger le meilleur des organisations et des équipes avec lesquelles elle travaille. Avant de se joindre à l’Ordre, Manon Poirier a occupé le poste de vice-présidente, Ressources humaines aux YMCA du Québec.

Manon Poirier est diplômée en droit de l’Université de Montréal. Titulaire d’une maîtrise en sciences de l’administration de l’Université Laval et d’un diplôme d’études supérieures en gestion de HEC Montréal, elle siège à de nombreux comités où son expertise du monde du travail est largement mise à profit. Très active au sein de la communauté, elle a également été membre du conseil d’administration de TDH pour les enfants et de La Relance Jeunes et Familles.


Source : Revue RH, volume 21, numéro 3, juillet/août/septembre 2018