En tant que CRHA, soucieuse à la fois du mieux-être des travailleurs et du succès des organisations, je me réjouis que les conditions de travail ontariennes soient améliorées, mais préoccupée pour toutes ces organisations dont la masse salariale sera accrue, créant une pression sur une marge de profit parfois peu généreuse.
Je suis particulièrement inquiète pour les organismes sans but lucratif (OSBL), notamment ceux du secteur communautaire qui devront naviguer dans cette nouvelle réalité. Car dans le débat autour de la question, on oublie fréquemment le secteur des OSBL.
Avec des moyens financiers souvent très limités, obtenus à coup de subventions, de dons, de programmes spéciaux et la plupart du temps sans possibilité de financement à long terme, je ne vous apprends rien en affirmant que le secteur communautaire n’est pas en mesure d’offrir des salaires compétitifs. Le salaire minimum, parfois légèrement bonifié, y est souvent la norme pour les postes d’intervention de première ligne.
Pourtant, ce sont des organisations qui ont le talent de tirer le maximum de chaque dollar au profit de leur mission première, que ce soit la prévention de la pauvreté, l’aide à l’enfance, aux réfugiés ou des interventions auprès des clientèles marginalisées. Et souvent, ces organisations ont pris la relève de services à la population autrefois pilotés par le gouvernement. Bien sûr, elles le font avec des subventions, mais qui n’ont jamais égalé ce que dépensait l’État. Pire, cette aide s’effrite au fil des ans, ne compensant souvent même pas l’inflation, alors que toutes les dépenses continuent de grimper.
Comment allons-nous collectivement nous assurer que ces organisations, qui font du bien et qui le font bien, puissent survivre à une rapide et importante hausse de salaire? Comprenez-moi bien, je ne dis pas que les travailleurs ne méritent pas un meilleur salaire, et ces OSBL seraient d’accord avec moi, d’autant plus que leur mission les mène le plus souvent au coeur des segments les moins fortunés de la population. Mais ce n’est pas en les rendant elles-mêmes plus vulnérables et en menaçant leur pérennité que nous contribuerons plus efficacement à prévenir la pauvreté et ses effets sur notre société.