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S’ouvrir aux nouvelles technologies

Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à investir les médias sociaux. La popularité de Twitter, la vague de fond du web 2.0, avec ses sites de réseautage et ses volumes de conversation sont en train de transformer le paysage des communications et vont jusqu’à réinventer les techniques de recrutement. Désormais, veille stratégique, recrutement ciblé, partage d’expertise, gestion de l’image organisationnelle peuvent profiter de ces nouveaux outils d’échanges à qui sait les utiliser.

24 novembre 2009
Myriam Jezequel

Pour Didier Dubois, CRHA, stratège, marketing RH chez HRM Group, « plus qu’une mode, c’est une nouvelle révolution dans la façon d’entrer en communication ». D’ailleurs, le volume d’échanges sur Facebook aurait dépassé celui du courrier électronique aux États-Unis. Qu’attend-on pour s’ouvrir à ces nouvelles technologies?  

Tout le monde en parle…
Twitter est au cœur des conversations ces temps-ci. La formule est simple et fonctionne sur le mode bouche à oreille avec une multiplication de relais. Sur Twitter, l’utilisateur peut échanger des messages ou diffuser des annonces (moins de 140 caractères) sur des sujets aussi variés que la recherche de références, des offres informatiques, des avis sur des produits. De moins en moins réservé aux blogueurs ou aux maniaques d’Internet, Twitter gagne les organisations qui possèdent un compte Twitter centré sur la vie de l’entreprise. De plus, il permet de diffuser des micromessages sur le web à partir de son téléphone. Plus qu’un simple gadget informatique, Twitter rejoint les nouveaux outils stratégiques de communication et de promotion.

Découvrir de nouveaux canaux d’échanges
Pour passer à la vitesse supérieure dans ses réseaux d’affaires, Didier Dubois conseille de s’ouvrir au web 2.0, le web de deuxième génération. Participatif et interactif, il permet aux visiteurs de contribuer au contenu plutôt que de le recevoir passivement, produit par un webmestre.

Comment s’y retrouver sur ce marché des sites web en concurrence? Parmi les grandes familles d’outils sur le 2.0, il y a les réseaux sociaux (tels Facebook, MySpace), les réseaux professionnels (tels LinkedIn, Viadeo), les réseaux de partage (tels YouTube, Flickr, SlideShare), les blogues, les microblogues (dont le très fameux Twitter), les mondes virtuels (tels SecondLife, Habbo), les jeux en ligne (tels Call of Duty, World of Warcraft) et les réseaux de partage (comme Wikipédia et semapedia).

Les utilisateurs de ces différents outils se distinguent par leurs objectifs, précise Didier Dubois; ils peuvent par exemple échanger entre amis, partager entre experts ou diffuser du contenu. Toutefois, avant de se lancer dans l’aventure du 2.0, il recommande de vérifier l’image de son entreprise auprès des candidats potentiels, donc de cerner le profil de sa clientèle cible et ses habitudes de consommation médias. Ensuite, le message devrait suivre l’intention : quel est l’objectif de l’organisation? Accroître la notoriété de l’entreprise, le partage d’expertise, l’attraction du travail? Enfin, comme dans toute conversation, le propos doit être intéressant sans paraître trop intéressé.

Changer sa technique d’approche
Le temps où l’on attendait que les curriculum vitæ s’empilent dans son bureau tire à sa fin, annonce Didier Dubois. Aujourd’hui, il vaut mieux aller vers les candidats potentiels plutôt que d’attendre qu’ils viennent vers l’entreprise. Ainsi, il suggère de se positionner dans le milieu de vie du candidat. « Les réseaux professionnels sont aussi des réseaux sociaux, mais ils reposent sur des intérêts d’ordre professionnel. Les relations peuvent donc se nouer en fonction d’éléments d’appartenance comme l’établissement où l’on a fait ses études, les entreprises où on a travaillé, ses champs de spécialisation, ses titres professionnels, ses expériences et réalisations professionnelles, etc. », souligne Didier Dubois. Bien que LinkedIn domine le créneau des réseaux sociaux professionnels, Facebook peut servir de référencement lorsque des employés communiquent leur plaisir de travailler pour leur entreprise.

L’important est de cibler le profil des candidats recherchés et d’adopter une approche cafétéria en utilisant les microsites carrières par exemple. Alors que certains sites (comme Jobboom) adoptent une approche généraliste, d’autres plateformes proposent des niches qui ciblent des profils de candidats selon leur communauté d’intérêts.

Multiplier ses réseaux : ça clique!
Le pouvoir de ces réseaux tient à leur caractère communautaire. S’inscrire dans un réseau, c’est entrer dans une communauté d’utilisateurs qui établissent des liens d’amitié, partagent des intérêts et des expertises pointues. Les échanges sont plus directs et interactifs. Mais comme dans toute communauté, il faut compter avec les leaders d’opinion qui s’occupent de relayer l’information s’ils la jugent pertinente. Dans la course à l’emploi ou au recrutement, des utilisateurs n’hésitent plus à recourir à ce type de piston. De plus, « aujourd’hui, les gens souhaitent un message personnalisé », précise Didier Dubois.

Pour soigner son image
Soigner son image dans la blogosphère devient un enjeu de premier ordre. Désormais, l’image de l’entreprise prend une allure numérique. Pour savoir ce qui se dit des marques, produits, solutions de l’entreprise, rien ne vaut un petit tour sur le net. Les médias sociaux facilitent la veille stratégique d’opinion.

Par ailleurs, « les médias sociaux sont utilisés pour la percée des idées. Avant tout lancement, on interpelle des groupes d’usagers, fans des produits de l’entreprise, en demandant leur avis sur telle orientation du produit, et on observe leurs réactions sur le web pour se réajuster au besoin », explique Didier Dubois.

Des entreprises comme l’Oréal, qui propose des vidéos de recrutement, ont compris l’importance de soigner son image et de personnaliser son approche selon le profil de l’utilisateur – consommateur, scientifique, journaliste ou chercheur d’emploi…

Vers des relations humaines virtuelles?
Nous dirigeons-nous vers des relations professionnelles virtuelles? « Le réseau virtuel ne remplace pas, mais complète les relations humaines et l’entrevue personnelle. La machine fait l’interface, ce n’est pas l’interlocuteur », affirme Didier Dubois. Amorcer une conversation dans une communauté virtuelle peut être le prélude à une rencontre professionnelle en bonne et due forme.

S’ouvrir aux nouvelles technologies
Les professionnels de la gestion des ressources humaines mettent souvent la planification de la relève et la marque employeur à l’avant-plan des enjeux stratégiques d’un meilleur positionnement concurrentiel. Mais ils peinent à mettre les solutions de nature technologique parmi les priorités stratégiques de l’organisation. Pour Didier Dubois, l’ouverture aux nouvelles technologies repose d’abord sur la curiosité et le goût d’essayer. Toutefois, pour faire l’apprentissage de ces techniques jusqu’ici réservées aux gestionnaires des services de l’exploitation, des finances et des technologies de l’information, les professionnels de la gestion des ressources humaines devraient être accompagnés dans leur démarche. Les règles de communication peuvent être différentes lorsqu’elles sont fixées par les participants. Il faut savoir accepter la critique et réajuster le tir au besoin. Enfin, embarquer dans la grande aventure du 2.0 et y entretenir des réseaux demande d’investir du temps! 

Myriam Jézéquel, journaliste indépendante

Source : Effectif, volume 12, numéro 5, novembre/décembre 2009.



Myriam Jezequel Écrivaine, chroniqueuse et chercheuse