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Maintenir sa concentration : mission impossible?

Vivant dans une époque frénétique, chaque individu est continuellement soumis à une surenchère d’informations, à une hypersollicitation venue de toutes parts. Est-on encore capable de concentration prolongée? Sait-on résister aux distractions? Conseils pour se recentrer et améliorer sa concentration.

5 janvier 2013
Myriam Jezequel

De nouvelles sources de distraction

Se concentrer devient plus difficile que par le passé. Messages publicitaires omniprésents, flot incessant de textos et de courriels, sonneries impromptues du cellulaire mettent à mal la capacité de concentration. Ces distractions incessantes détournent l’attention et peuvent générer stress et frustration.

Et que dire du déficit de l’attention au travail? Ce trouble ne touche pas que les enfants. Entre les interruptions des collègues, la dispersion des tâches et les nombreuses distractions technologiques, de plus en plus de travailleurs se plaignent de la difficulté qu’ils éprouvent à se concentrer sur leurs tâches, à organiser leur travail, à emmagasiner l’information, à terminer un projet. À la fin de la journée, ils réalisent qu’ils ont dilapidé leur temps à répondre à toutes ces sources extérieures de sollicitation. Ils se sentent improductifs. Malheureusement, ces personnes ne savent pas trop comment contrer cette surstimulation ni comment gérer cette dispersion permanente. Une chose est sûre : on perd en efficacité ce qu’on perd en attention.

En mode réaction ou en mode réflexion?
Une journée de travail est faite d’une foule de petites décisions qui peuvent avoir des répercussions sur la suite des choses. Chaque décision peut nécessiter un temps de réflexion pour se poser les bonnes questions, obtenir la bonne information et décider en connaissance de cause. Or, il semble non seulement que la faculté de concentration se relâche et se fragmente, mais aussi que le temps de réflexion se réduit comme peau de chagrin. À l’heure des textos et des courriels, la tendance serait plutôt, avouons-le, à réagir sur-le-champ. Le temps est moins à la réflexion. Le monde du travail exige des résultats rapides, immédiats. Chacun tente de rentabiliser son temps en donnant à ses journées un rythme très cadencé. Seulement, à fonctionner en permanence en mode réaction, on prend le risque d’actions impulsives et de décisions précipitées. Et les solutions rapides ne sont pas toujours les meilleures. On peut gagner beaucoup de temps à bien écouter.

Mieux résister aux distractions
Les personnes hyper-connectées seraient les plus susceptibles de se détourner de leurs objectifs. Selon une étude réalisée par l’éditeur de solutions web Sciforma, un travailleur recevrait en moyenne quarante messages par jour, soit un message toutes les douze minutes, dont un tiers est de nature privée. « Résultat, peut-on lire dans ce site, se concentrer s’apparente à une mission impossible. 93 % des sondés déclarent être alertés en temps réel de l’arrivée d’un nouveau mail, 68 % de la réception d’un SMS. Plus perturbant, 3 personnes sur 4 interrompent leurs tâches pour s’enquérir du contenu de ces messages. »

À se rendre toujours disponible, à répondre à toutes les sollicitations, est-il si étonnant que l’on se sente débordé? Combien de temps passé à lire, trier, traiter tous ces courriels et textos? Il faut se réapproprier son temps et rester maître de son agenda. Pour ne pas se laisser distraire, une solution simple consiste à se déconnecter de l’extérieur et à entrer dans sa bulle isolante. Éteindre son téléphone le temps de finir un travail. Fermer sa boîte de courriels, bloquer sa messagerie pour ne pas être tenté de lire et de répondre aux courriels entrants. Il est préférable de consulter ses courriels une fois le travail fini ou à certaines heures précises. Il faut couper court aux interruptions incessantes d’un collègue en lui signalant son indisponibilité actuelle : « Je te reviens dès que j’ai fini ce travail. »

Mieux diriger son attention
L’environnement technologique étant sous contrôle, il est alors possible de maîtriser son attention. On appelle « attention sélective » la capacité à se focaliser sur ce que l’on juge important. Encore faut-il savoir ce qui est important. Si tout semble essentiel et d’égale urgence à une personne, elle risque de disperser son attention sur tous les fronts. Qu’elle soit multitâche ou polyvalente, elle doit quand même établir ses priorités. Évaluer le temps nécessaire à leur réalisation en tenant compte de son temps disponible aide aussi à une gestion efficace de son temps. Une bonne façon d’entamer sa journée consiste à se préparer mentalement en anticipant sa liste de tâches, par ordre de priorité.

Pour éviter que toutes sortes de pensées parasites détournent son attention, il faut prévoir une période ultérieure pour traiter ses difficultés personnelles ou professionnelles, écrire ses préoccupations sur une feuille, avec l’intention d’y revenir une fois son travail terminé. Autre solution : faire le vide mental un instant, focaliser ses pensées sur sa respiration, se recentrer sur ses sensations intérieures, ralentir ses gestes et ramener son attention à l’instant présent. Il faut savoir que l’attention est défaillante quand on a tendance à décrocher d’un travail, à écouter sans vraiment entendre, à se laisser envahir par des pensées obsédantes, à s’enthousiasmer sans rien entreprendre de concret. Mieux vaut relâcher la pression pour mieux retenir son attention.

Rester concentré
Que de temps perdu à vouloir gagner du temps! Et si au lieu de courir pour gagner quelques précieuses minutes, on se mettait à l’écoute de ses intuitions pour bien faire son travail? Si une personne ne sait plus où donner de la tête, c’est peut-être qu’elle tente de tout faire en même temps. Il y aura toujours des feux à éteindre… Seulement, la meilleure façon d’être productif est encore de garder le cap sur ses objectifs. Faire une seule chose à la fois et se plonger dans son travail permet un travail en profondeur.

Autres pistes pour améliorer sa concentration : se donner une routine personnelle, connaître son rythme de travail, déterminer des périodes de sprint de concentration, choisir une ambiance de travail propice à sa concentration, organiser son travail, décomposer un problème complexe en étapes de réalisation, noter par écrit des points clés, respecter ses besoins (fatigue physique ou nerveuse, etc.)… Tout cela facilite le rendement intellectuel. Avec un peu d’entraînement, il est même possible d’allonger la durée de sa concentration.

Enfin, il ne faut pas oublier de réserver à ses collègues ou collaborateurs des périodes de disponibilité. Au besoin, on peut regrouper ces moments. Les autres membres de l’équipe comprendront sans peine qu’un collègue ne soit pas joignable en tout temps et respecteront ces moments d’isolement consacrés à atteindre ses objectifs!

Myriam Jézéquel, journaliste indépendante

Source : Effectif, volume 15, numéro 5, novembre/décembre 2012.


Source Internet :
Impossible de se concentrer plus de 12 minutes au bureau!


Myriam Jezequel Écrivaine, chroniqueuse et chercheuse