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Le MOOC : une option de développement pertinente

Il est tard, un soir d’automne. Assise dans mon salon, j’amorce à la lueur de mon écran le dernier module de mon MOOC (Massive Open Online Course / Cours en ligne ouvert et massif). Jusqu’ici, tout se passe bien. Les modules sont courts, les vidéos de qualité, les échanges pertinents… Aucune de mes appréhensions face à ce mode d’apprentissage ne s’est matérialisée. Mais là, je prends connaissance du dernier travail à faire et mon cœur s’arrête.

6 décembre 2015
Julie Gouin, CRHA

La présentation finale se fera par montage vidéo, que je devrai créer et télécharger via YouTube sur la plateforme d’apprentissage. Ouf! Ça peut sembler assez simple pour plusieurs, mais pour moi qui ne fais que visionner des vidéos sur YouTube, ça me sort nettement de ma zone de confort. Dans quoi me suis-je embarquée?

Les technologies de l’information offrent un éventail de possibilités fort intéressantes pour démocratiser l’apprentissage et faciliter le partage des connaissances. Quoi de mieux que d’en faire l’expérience pour les apprécier à leur juste valeur? Voici un témoignage de mon expérience récente avec un MOOC, sous la perspective non seulement d’une apprenante, mais aussi d’une spécialiste de la formation. On y trouvera un aperçu du cours, du processus d’apprentissage, de mes coups de cœur et de mes bémols ainsi que quelques suggestions pour faire une expérience réussie des cours en ligne ouverts et massifs.

Je me lance!

Avant de m’engager dans cette formation, j’avais une certaine curiosité envers les MOOC, mais sans plus. C’est plutôt par hasard que j’ai vu passer cette occasion. En septembre 2014, un professeur de l’Université de Stanford annonçait sur son fil Twitter qu’il offrait un MOOC portant sur le thème de son livre, que j’avais acheté quelques mois plus tôt. J’ai vu ça comme une occasion idéale de me faire accompagner dans cette lecture et d’intégrer davantage les stratégies présentées.

J’avais quelques appréhensions, sachant la qualité des MOOC très variable et le taux d’achèvement généralement faible (près de 15 %). J’anticipais une longue vidéo ennuyante, de style séminaire, où on transmet une masse d’information. Combien de temps allais-je devoir investir? Comment la formation était-elle structurée? Y avait-il un volet pratique, interactif? Serait-ce une expérience à valeur ajoutée? Comment ma contribution serait-elle évaluée?

J’ai pris le soin de bien m’informer, résolue à ne pas faire partie des statistiques de décrochage. J’ai exploré la plateforme (NovoEd) qui hébergeait le cours, ce qui m’a rassurée. Les objectifs d’apprentissage étaient pertinents et les modules bien structurés. Les heures à investir chaque semaine y étaient inscrites (dans mon cas, c’était de cinq à huit heures, sur une période de cinq semaines). J’ai aussi compris qu’il y avait une communauté avec laquelle je pourrais échanger. Ça m’a semblé accessible et de bonne qualité. Je me suis donc lancée.

Une communauté d’apprentissage virtuelle

Malgré mes appréhensions, le MOOC que j’ai suivi était très bien monté sur le plan pédagogique. Édifié autour du livre Scaling Up Excellence, il était livré par ses auteurs, deux professeurs à l’Université Stanford. Son contenu riche et transférable à ma pratique traitait des stratégies organisationnelles et des approches de leadership à adopter dans un contexte de croissance.

Les professeurs étaient des gens simples qui traduisaient la matière de façon dynamique et imagée. Les vidéos renforçaient les concepts clés, en y ajoutant des témoignages d’entrepreneurs ayant traversé des périodes de croissance fulgurante. J’ai d’ailleurs trouvé très intéressant d’avoir un accès direct à des professeurs d’une université de renom ainsi qu’à des entrepreneurs expérimentés venant des quatre coins du monde. Cet accès est aussi un avantage manifeste des MOOC.

Chaque module était composé de lectures suggérées, de deux ou trois courtes capsules vidéo et d’un travail pratique (seul ou en équipe) à soumettre chaque semaine. Pour ces travaux, on devait sélectionner une entreprise en forte croissance qui travaillait à transposer sa réussite à grande échelle.

Tout cela était obligatoire pour passer d’un module à l’autre et compléter la formation. Des forums de discussion permettaient aussi de soulever des questions et d’échanger avec les participants. Les professeurs mettaient en valeur certains commentaires et relançaient des questions sur les forums et les réseaux sociaux. C’était très dynamique comme environnement d’apprentissage.

Certains MOOC sont ouverts aux inscriptions en tout temps. Celui que j’ai suivi était défini dans le temps, ce qui a eu pour effet de briser l’isolement, sachant que quelque chose était activement en branle sur une période donnée. Cela a aussi facilité les échanges entre les participants et favorisé l’évolution des savoirs.

Quant à l’évaluation, elle était faite par les pairs. Lorsque nous remettions nos travaux, nous recevions dans la semaine suivante les ouvrages de trois équipes (sélectionnées de façon aléatoire). Nous devions apprécier leur travail en fonction de critères précis et leur fournir une rétroaction. C’était une dimension très enrichissante de la formation. D’une part, nous pouvions observer comment les autres équipes avaient traité la question dans leur cas pratique. D’autre part, nous recevions une rétroaction sur nos propres travaux, ce qui aidait à bonifier notre analyse. Nous pouvions également consulter, commenter et partager les travaux des autres équipes, multipliant ainsi le partage d’exemples pratiques.

La plateforme utilisée héberge de nombreuses formations et je l’ai trouvée particulièrement bien montée. Il est aisé d’y naviguer, de créer son profil et d’avoir un aperçu des participants. Chacun est coté en fonction de sa participation via un système d’étoiles. C’est donc facile de voir si la personne est activement engagée dans la formation ou simplement inscrite. J’ai trouvé cette forme d’autorégulation très utile à la création de notre communauté d’apprenants.

En somme, les fonctionnalités de la plateforme, jumelées à une conception pédagogique efficace, ont permis de créer une communauté d’apprentissage virtuelle, active et à l’échelle internationale. Il s’agit là d’une grande valeur ajoutée qui constitue, à mon avis, un gage de qualité pour ce mode de formation.

Je peux donc déclarer cette première expérience réussie!

C’est à votre tour!

Mon témoignage vous donne envie de tenter l’expérience? Voici quelques conseils pour aller de l’avant et réussir.

  1. Trouvez un sujet d’intérêt. Testez le terrain et évitez de vous lancer dans une formation trop longue ou exigeante au départ. L’objectif est de briser la glace et de découvrir ce mode d’apprentissage accessible et flexible.
  2. Validez votre engagement. Malgré votre bonne volonté, vous vous questionnerez de semaine en semaine sur la poursuite du cours auquel vous vous êtes inscrit. La question de l’engagement devient particulièrement importante lorsqu’il s’agit d’une formation libre ou sans engagement financier. Il est à noter que la formule MOOC se prête bien aux apprenants motivés et capables d’autogestion de leur apprentissage. La présence d’un volet pratique, une durée prédéterminée ou l’attribution, à terme, d’un certificat d’accomplissement peuvent être des facteurs de motivation. Le sujet est-il suffisamment d’intérêt? Pourquoi souhaitez-vous suivre cette formation? En quoi contribuera-t-elle à l’atteinte de vos objectifs? Êtes-vous prêt à investir le temps et l’énergie nécessaires?
  3. Magasinez votre MOOC. Les MOOC n’ont pas tous la même valeur pédagogique. Plusieurs classes virtuelles ou webinaires se posent comme des MOOC et leur donnent mauvaise presse. Les MOOC de qualité offrent une co-construction du contenu par les participants, notamment via les forums de discussion. Ils sont aussi très collaboratifs et font appel à des ressources externes variées. Explorez différentes plateformes et fournisseurs de formation. Ne vous limitez pas aux options de MOOC au Québec ; l’offre internationale est très intéressante. Mais surtout, soyez à l’affût des formations comportant un volet de mise en pratique. Ceci favorisera le transfert de vos apprentissages et enrichira l’expérience en général.

En conclusion…

Je n’ai pas à me questionner trop longtemps à savoir si je renouvellerais l’expérience. La réponse est oui, absolument. Je suis très satisfaite de mon premier MOOC et je vous recommande fortement d’en faire (ou d’en refaire) l’essai à la lumière de mon témoignage.

Je suis à même de constater que c’est possible d’obtenir une formation ouverte et massive de qualité, courte, ciblée, participative, concrète et dans laquelle on sent l’appartenance à une communauté d’apprentissage. Ça été une grande révélation pour moi.

Cette technologie offre un accès très large, sans avoir à compromettre la qualité pédagogique. Le MOOC constitue un outil de formation continue pertinent et un moyen de soutenir l’employabilité. Le volet technologique n’est pas un obstacle insurmontable. Faites-vous confiance. Après le choc initial, j’ai bien réussi à télécharger mon travail final.

Mes bémols

  • Ajout de complexité technologique avec la production et le téléchargement d’une vidéo
  • Formation d’une équipe virtuelle et sentiment d’être perdu dans la foule
  • Pour atténuer cet effet : suivre la formation avec quelques collègues de travail; allouer plus de temps au départ au repérage des participants et à la constitution des équipes

Mes coups de cœur

  • Plateforme d’apprentissage interactive et facile d’utilisation
  • Application des notions à un cas réel
  • Accès direct à des ressources de renom
  • Échanges dynamiques avec les participants et intervenants
  • Rétroaction et évaluation par les pairs
  • Flexibilité d’apprendre où, quand et comment ça nous convient

Julie Gouin, CRHA, M. Ed., fondatrice, conseillère et coach, Crescendo conseil apprentissage

Source : Effectif, volume 18, numéro 5, novembre/décembre 2015.


Référence bibliographique


Julie Gouin, CRHA