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La collaboration un nouveau must

Dire que la collaboration est importante et même essentielle est une évidence. Au-delà de la valeur intrinsèque des ressources humaines pour une entreprise, la qualité des relations qui prévalent entre les individus est de plus en plus reconnue comme ayant une valeur en soi. Certaines sociétés la traitent même comme une notion distincte du simple capital humain dans leur rapport annuel. La société d’assurance Skandia est l’une des premières à citer dans son rapport annuel l’impact du capital social sur sa performance.

19 octobre 2015
Richard Blain, CRHA, Distinction Fellow

Les Apple, Facebook et Google de ce monde ont amplement démontré que, lorsqu’on réussit à faire collaborer, même dans une structure non hiérarchique et non traditionnelle, des êtres aux personnalités et aux intérêts aussi démesurés qu’excentriques, on peut obtenir des résultats extraordinaires. Inversement, tel que rapporté dans le livre The Silo Effect, Sony a raté la révolution technologique mondiale dans la musique parce que ses différentes composantes n’ont pas réussi à s’entendre sur les produits, les plateformes et la stratégie. UBS, la vénérable banque suisse, a perdu des milliards à la suite d’un manque de coordination entre ses bureaux. Et que dire du tribalisme qui a aveuglé les économistes mondiaux quant aux causes de la dernière crise financière?

Plus près de nous, l’ascension extraordinaire de Cascades, du Cirque du Soleil et de la toute nouvelle industrie locale des jeux vidéo ne serait probablement jamais produite sans un niveau de collaboration jamais atteint auparavant.

Qui dit innovation dit collaboration

Quand on observe des sociétés considérées comme innovatrices, on s’aperçoit que, bien souvent, cela n’est pas relié au montant des budgets de recherche et développement. D’ailleurs, une recherche sur le sujet, menée en 2010 par le cabinet de consultation PwC Strategy&, ne parvient pas à établir de lien entre la performance financière et les dépenses reliées à l’innovation.

En fait, ce que le Conference Board démontre plutôt dans ses recherches, c’est que les stratégies d’innovation ayant le plus de succès sont celles qui se concentrent sur les personnes et sur les questions de capital humain… Plusieurs entreprises ont reconnu le rôle joué par les réseaux internes et externes et misent sur la collaboration. Elles vont même jusqu’à déplacer les gens hors de leurs silos fonctionnels dans le but d’amenuiser les conflits de perspectives et de faciliter la collaboration.

Et les CRHA et CRIA dans tout ça?

S’il y a une tendance qui pourrait amplifier la différence entre les gagnants et les perdants dans nos organisations, c’est peut-être bien la collaboration. Déjà en 1998, Dave Ulrich faisait le constat que les formes traditionnelles d’avantage concurrentiel (coût de main-d’œuvre, technologie, distribution, fabrication, spécificité de chaque produit) pouvaient être copiées. Elles ont été rabaissées au rang d’enjeux de base : on doit les posséder, mais elles ne garantissent plus le haut du pavé. Dans la nouvelle économie, la position de tête ne pourra être méritée que par des capacités organisationnelles supérieures en termes de vitesse, d’agilité, de capacité d’apprentissage et de compétence des employés.

En d’autres mots, seule une meilleure façon de s’organiser et de collaborer permet de survivre, mais aussi de prendre la position de tête dans un environnement de plus en plus concurrentiel.

Et si la collaboration devient le fer de lance des organisations gagnantes, pourquoi les CRHA et les CRIA n’en deviendraient-ils pas les maîtres d’œuvre? Qui d’autre dans l’organisation peut mieux poser le diagnostic sur le niveau de collaboration actuel versus celui que requiert la situation concurrentielle de l’entreprise? Qui mieux qu’un CRHA ou un CRIA pourra convaincre le chef de la direction qu’il peut devenir le « collaborateur en chef »? Qui pourra mieux l’épauler, lui proposer une vision porteuse et un plan d’action efficace?

Même les parcours les plus difficiles commencent par un premier pas…

Instaurer un régime de collaboration n’est pas nécessairement facile. Et cette difficulté est justement ce qui en augmente la valeur. Il s’agit d’un changement majeur qui donne donc lieu à un exercice complexe de gestion du changement. Plusieurs CRHA et CRIA possèdent justement un coffre à outils impressionnant en matière de gestion du changement. D’autres sont en voie de l’acquérir ou de le perfectionner.

Il y a ici, selon moi, une opportunité exceptionnelle pour les CRHA et les CRIA de briser le mur de complaisance qui empêche bien des entreprises de se remettre en question. C’est un geste courageux qui mène vers un parcours parfois difficile, mais combien valorisant! Un parcours qui commence comme tous les parcours par un premier pas que je vous encourage à faire dès aujourd’hui.

Je vous souhaite un excellent automne, fructueux et rempli de collaboration!

Richard Blain, CRHA, président du conseil d’administration

Source : Effectif, volume 18, numéro 4, septembre/octobre 2015.


Author
Richard Blain, CRHA, Distinction Fellow Maître d'enseignement, Gestion des ressources humaines HEC Montréal
Richard Blain, CRHA est un spécialiste en stratégie de gestion des ressources humaines et en transformation d’entreprises. Depuis plus de 25 ans, il développe et implante des stratégies visant la croissance et l’efficacité des organisations confrontées à des environnements en changement. M. Blain a été vice-président RH pour Réno-Dépôt, la Bourse de Montréal et Bouclair avant de passer six années en consultation pour KPMG-SECOR, à titre de directeur-associé. Il est actuellement maître d’enseignement en GRH à HEC-Montréal et agit à titre de conseiller stratégique dans le cadre de mandats de consultation, notamment avec Deloitte. À titre bénévole, il est président du CA de Moisson Montréal, du CA de l’Ordre et de la Fondation de l’Ordre des CRHA. Ses nombreuses implications sociales lui ont valu d’été nommé personnalité La Presse/Radio-Canada et de recevoir la médaille du jubilé de diamant de la Reine Élizabeth II.