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Gérer sa réussite… dès le départ!

Comment le professionnel de la gestion des ressources humaines peut-il acquérir une pensée stratégique dès le début de sa carrière? Voici un modèle pour gérer sa carrière et sa réussite…

1 mars 2011
Michel Salmon, CRHA, et Claude Bourdon, CRIA

Prenons l’exemple de la planification stratégique d’une entreprise, où on utilise parfois le modèle des sept S : viSion partagée (Shared vision), Stratégies, Systèmes, Structures, perSonnel (Staff), habiletéS (Skills) et Style. Ces sept S reposent sur deux idées : ils regroupent tous les aspects importants d’une entreprise et ils doivent être alignés, cohérents et complémentaires. En somme, il s’agit de créer une synergie entre les sept éléments. Maintenant, appliquons cela à la gestion d’une carrière.


Source : Le management est-il un art japonais?, publié en 1981.

La viSion – Le professionnel doit se demander : qu’est-ce que je veux être ou devenir? Qu’est-ce que j’entends par succès? Qu’est-ce que j’aurai accompli lorsque j’aurai atteint mon objectif? Répondre à ces questions suppose de bien se connaître, d’avoir défini des objectifs précis, atteignables et mesurables. C’est aussi une définition de soi-même par rapport à ses concurrents : en quoi suis-je différent? Qu’est-ce qui me démarque?

Les Stratégies – Le professionnel doit se demander quels sont les moyens à mettre en place pour réaliser concrètement sa vision. Relations, réseaux, budgets, etc. font partie de l’arsenal des moyens à déployer. Il lui faut être précis et concret. Et surtout, ne pas oublier de fixer des échéanciers précis.

Les Systèmes – Il y en a plusieurs. Cela va de l’aménagement physique de l’environnement aux systèmes relationnels avec son entourage professionnel, en passant par les communications (électroniques et autres), le système comptable et les systèmes physiques ou virtuels appuyant sa pratique. Et en cherchant, on en trouvera d’autres.

Les Structures – Le professionnel doit se demander comment organiser ses relations avec ses collègues, employés, clients, fournisseurs… Une structure doit avant tout être adaptable aux changements de sa vision. En effet, stabiliser les structures autour de soi équivaut à créer des barrières inutiles. C’est en gérant la structuration de son environnement que le professionnel fera preuve d’adaptabilité.

Le perSonnel – Le professionnel doit aussi se demander de qui il a besoin. Lui faut-il des collaborateurs, des alliances, des conseils, un mentor? L’art de s’entourer fait partie des stratégies de succès. En effet, personne ne peut tout faire seul. Et personne ne peut être spécialiste en tout. Et tout comme pour les structures, il faut se souvenir que les alliances n’ont pas à être permanentes. Une bonne compréhension des relations « politiques » et une dose d’intelligence émotionnelle sont très utiles, sinon essentielles.

Les habiletéS – Le professionnel doit se demander comment acquérir les connaissances et le savoir-faire dont il a besoin? Et une fois les habiletés acquises, comment les maintenir? Même si sa vision est claire, qu’il sait où il va, le professionnel doit développer certains aspects particuliers de ses connaissances et de sa pratique. Sa compétence professionnelle doit constamment être mise à jour, surtout dans la période actuelle d’accélération du changement.

Le Style – Le style, c’est le savoir-être. Le professionnel doit se demander ce que les autres pensent de lui, où il en est dans ses relations, tant personnelles que professionnelles, s’il est un joueur d’équipe, quel défaut il doit corriger en priorité afin d’atteindre son objectif. Il peut aussi demander aux autres quelle est sa principale qualité, ce qu’il devrait changer… et se fixer un plan d’amélioration. Et ensuite, passer à l’action.

Les sept S sont parfois présentés comme un modèle. C’est plutôt une carte routière, une liste de questions et une façon de ne pas oublier un élément important. Comprendre le concept est assez simple. Mettre son plan en application, sans complaisance, demande du travail et de la persévérance. Et comme pour un plan d’affaires, il faut souvent le refaire, en fonction du stade de sa carrière où on se trouve. Une seule difficulté réelle : commencer.

Dix trucs et astuces pour obtenir du succès
  1. Établir une puissante identité. Il s’agit de développer un avantage concurrentiel pour amplifier son caractère unique et ses valeurs, définir une raison d’être caractéristique, bâtir une confiance en soi en suivant son propre chemin.
  2. Sortir de son confort. Il s’agit de demeurer concurrentiel par le changement et l’apprentissage continus, de rechercher différentes expériences, perspectives, places et personnes qui peuvent apporter un niveau sain d’inconfort. Élargir sa vision du monde et son niveau de possibilités permet le développement et fait grandir.
  3. Démontrer l’excellence. Être bon n’est pas suffisant… Il faut être excellent dans tout ce qu’on fait. Cela exige de combiner ses forces et passions avec une discipline (temps, travail et énergie) qui se traduit en actions concrètes.
  4. Établir des relations diversifiées et solides. Le réseautage n’a pas de frontières. Établir et maintenir des liens solides requiert une discipline en soi car, lorsqu’on en a besoin, il est déjà trop tard. Il s’agit de s’impliquer dans sa communauté, dans des organismes, de faire du bénévolat, de créer un système de soutien, de servir de modèle à quelqu’un. Bref, s’impliquer ne doit pas être épisodique, mais plutôt une façon d’être.
  5. Rechercher la sagesse des autres. Il y a toujours quelque chose à tirer des autres, qu’ils soient plus jeunes, plus âgés, moins expérimentés ou plus capables. Il s’agit donc d’examiner leurs erreurs et leurs succès, de considérer leur sagesse pour développer la sienne, d’apprendre de ses pairs, de trouver un mentor et d’en devenir un également.
  6. Trouver la force du nombre. S’entourer de personnes qui partagent ses perspectives, qui affirment ses valeurs et qui soutiennent ses objectifs. Il s’agit donc d’établir un réseau de soutien mutuel (la clé est dans la compatibilité des individus).
  7. Penser et agir en intrapreneur. Appliquer l’esprit d’entreprise au sein d’une organisation existante pour apporter des changements institutionnels. Maintenir un fort sentiment d’auto-détermination et travailler à l’intérieur du système afin de pouvoir provoquer un plus grand impact.
  8. Penser et agir en entrepreneur. Il s’agit de prendre le contrôle de sa carrière. Oser être dans le siège du conducteur, être maître de sa destinée et de sa prospérité économique. L’esprit entrepreneurial entraîne la passion, la créativité, l’ingéniosité, le courage et la résilience, toutes des compétences obligatoires pour réussir au XXIe siècle.
  9. Bâtir des synergies pour atteindre une masse critique. Il s’agit de redéfinir les enjeux en créant des liens mutuellement bénéfiques entre les personnes et entre les entreprises pour atteindre leurs buts collectifs et d’amplifier les actions collaboratives pour faire ressortir les impacts les plus larges possible au bénéfice de toutes les parties.
  10. Redonner généreusement. Chacun représente une continuation d’un nombre incalculable de legs et est en mesure d’ouvrir de nouveaux sentiers pour les autres.

Michel Salmon, CRHA, président fondateur, Lumas inc. et Claude Bourdon, CRIA, consultant, MBA Group

Source : Effectif, volume 14, numéro 1, janvier/février/mars 2011.


Michel Salmon, CRHA, et Claude Bourdon, CRIA