Vous lisez : La rémunération au rendement : avantages et inconvénients

Au sein du secteur public québécois, la rémunération au rendement est en croissance et ne ferait pas systématiquement l’objet d’évaluations. Il s’agit là de deux des conclusions d’une étude sur la rémunération à la performance dont les résultats ont été publiés par l’IRIS en 2011. On y a scruté à la loupe les pratiques de six organisations (la Commission des services juridiques, la Société des alcools du Québec, Loto-Québec, Hydro-Québec, le secteur de la santé et des services sociaux et la Société d’assurance automobile du Québec), pendant la période de 2000 à 2009. En plus de démontrer les tendances, cette étude a porté sur les conséquences de ce mode de rémunération ainsi que sur son importance. Voici quelques faits généraux qui en sont issus.

  • Pour deux organisations, la part de la masse salariale consacrée aux bonis est restée assez stable pendant la période étudiée. Pour les quatre autres, elle a presque doublé en sept ans, passant d’environ 1,7 % à 3,5 %. Une croissance qui a été plutôt associée au nombre grandissant de salariés participant aux systèmes de bonis plutôt qu’à l’augmentation des bonis.
     
  • L’ensemble des organisations étudiées offre un système de bonis différencié qui est proportionnel à la place occupée par les employés dans l’échelle hiérarchique. Comme, à la base, le salaire des cadres supérieurs et des hauts dirigeants est plus élevé que celui des autres employés, cette pratique entraîne une croissance plus lente du salaire de ces derniers.
     
  • Quatre des organisations ont affirmé ne pas avoir d’analyse de leur rémunération à la performance, ce qui laisse présumer qu’il est difficile pour elles d’en constater l’efficacité, les conséquences, les avantages et les inconvénients.
     
  • Aucune des organisations étudiées n’a pu fournir exactement les frais d’administration associés à cette pratique, lesquels, selon l’OCDE, peuvent facilement atteindre jusqu’à 5 % de la masse salariale.
     
  • Parmi les avantages constatés par les employés qui reçoivent des bonis, au-delà de la simple satisfaction de recevoir une somme supplémentaire, on trouve la reconnaissance de l’effort mis à accomplir leur travail. De plus, lorsque les bonis sont liés à la réalisation de tâches particulières, les employés ont aussi l’impression que leur définition de travail est plus détaillée et claire.
     
  • Parmi les désavantages soulevés, on retrouve les effets réducteurs supposés des bonis sur la façon d’agir des gestionnaires. Ainsi, selon ces commentaires, certains gestionnaires semblent concentrer leur attention davantage sur les aspects de leur propre travail récompensés par un boni ou sur les secteurs du travail accompli par les employés qui reçoivent un boni, en laissant de côté d’autres aspects essentiels. On a aussi relevé des tensions accrues dans les relations interpersonnelles.
     
  • Enfin, certains systèmes de bonis sont basés sur des critères précis et restrictifs, mais d’autres le sont beaucoup moins, ce qui donne l’impression aux employés qu’ils sont fondés sur des critères arbitraires, créant ainsi de la frustration chez ceux-ci.

Source : Effectif, volume 16, numéro 5, novembre/décembre 2013.

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