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Gestionnaires : OSEZ agir face aux conflits pour assurer un climat de travail sain

Plusieurs gestionnaires se sentent démunis ou inconfortables quand il s’agit d’intervenir dans un conflit au sein de leur équipe. Pourtant, il est de leur responsabilité de leur assurer un climat sain et respectueux.
27 novembre 2018
Jacqueline Codsi, CRIA

D’entrée de jeu, rappelons-nous que tout bon gestionnaire a la responsabilité de mettre en place un environnement propice au respect mutuel et aux échanges. Il doit s’assurer de prévenir et d’éviter toute forme d’abus de pouvoir ou de harcèlement au sein de son équipe. Mais quelle devrait être son approche face aux conflits et aux confrontations?

Un conflit non géré s’aggrave et mine le climat de travail

Dans le cadre de mes interventions organisationnelles en gestion des conflits (médiation, consolidation d’équipes, diagnostic de climat organisationnel, enquêtes), je constate à quel point il est courant que des gestionnaires n’osent pas intervenir face à des conflits, ou encore qu’ils interviennent trop tard, lorsque les parties sont devenues extrêmement cristallisées dans leurs positions. Lorsque l’on n’intervient pas clairement pour résoudre ce type de conflit malsain, il a tendance à s’envenimer. Contrairement à la croyance populaire, il s’atténue rarement avec le temps.

L’impact négatif touche non seulement les employé(e)s directement impliqué(e)s, mais aussi le climat de travail de toute l’équipe. Ces conflits non réglés génèrent souvent la formation de clans et de commérages malsains et ils ont donc un effet néfaste sur la cohésion de l’équipe, sa performance et sa capacité de collaborer. Ce climat conflictuel et tendu peut être partiellement la cause d’épuisements professionnels, d’absences et même du départ d’employés compétents.

Des gestionnaires démunis face aux conflits

Les membres d’une équipe s’attendent à ce que leur gestionnaire leur assure un environnement de travail sain et qu’il les soutienne lorsqu’ils sont déstabilisés par un conflit. La crédibilité du gestionnaire auprès de son équipe est donc souvent altérée lorsqu’il n’intervient pas suffisamment dans telle situation.

Voici quelques causes qui expliquent l’approche trop prudente de certains gestionnaires :

  • Certains craignent de devoir trancher et de décevoir les parties ou encore, que leur intervention les « déresponsabilise » dans le rôle d’arbitre.
  • Certains ont l’impression qu’il s’agit d’enfantillages qui vont se régler avec le temps et que s’en préoccuper ne fait pas partie de leurs responsabilités de gestion.
  • D’autres évitent de s’en mêler parce qu’ils sont inconfortables avec les émotions que leur intervention pourrait engendrer.
  • La plupart sous-estiment l’impact négatif de ne pas agir (l’approche d’évitement).

Pourtant, la recherche nous démontre que le fait de ne pas intervenir face à des comportements ou des attitudes qui engendrent des conflits malsains développe des normes d’équipe nocives qui laissent entendre que ces agissements sont acceptables ou tolérables. Cela entraîne souvent d’autres conflits et éventuellement une escalade de violence, de non-respect, de détresse, et ce, même de la part des présumées victimes et des observateurs des conflits.

Faut-il tendre à éliminer toutes les confrontations et tous les conflits?

Un bon gestionnaire doit être en mesure de distinguer les saines confrontations des conflits malsains qui peuvent dégénérer. Une saine confrontation sur le plan des idées permet souvent de trouver des solutions créatives et peut même être un signe de confiance et de cohésion au sein d’une équipe. Cependant, lorsque ce type de confrontation implique aussi des comportements comme des moqueries, de la condescendance, une forme d’intimidation ou d’abus de pouvoir, voire de la violence verbale, il est alors essentiel que le gestionnaire intervienne efficacement et rapidement, afin de faire cesser ce type de relation malsaine qui pourrait se transformer graduellement en harcèlement.

Conseils aux gestionnaires

Saisissez toutes les occasions d’aborder la question des conflits. Agissez intelligemment et rapidement, soit en mode prévention, soit en mode intervention lorsqu’ils surgissent. De même, soyez attentif aux attitudes ou comportements irrespectueux qui peuvent provoquer des situations conflictuelles.

Méfiez-vous d’une approche de gestion attentiste ou du laisser-faire.

Dans ce contexte, acheter la paix ou adopter une attitude d’évitement constitue rarement la solution.

Jacqueline Codsi, CRIA, M. Ps. org., ASC, PCC est vice-présidente partenariats d’affaires RH chez Leader conseil et elle collabore avec la firme Relais Expert-Conseil.


Jacqueline Codsi, CRIA Vice-présidente, consultante, coach exécutif JC LEADER CONSEIL
Au cours de sa carrière, Jacqueline Codsi, CRIA a assumé des fonctions de direction en gestion des ressources humaines, en gestion des talents et en développement organisationnel au sein de grandes sociétés, notamment dans le milieu financier et au réseau de la santé et des services sociaux. Certifiée en gouvernance de sociétés, elle possède également une riche expérience en consultation dans les secteurs public et privé, essentiellement dans l’accompagnement d’équipes de direction, dans le cadre de démarches de gestion du changement, de planification stratégique du capital humain et de gestion/développement des talents et de la relève. Elle œuvre aussi comme chargée d’enseignement universitaire auprès de gestionnaires, comme conférencière/panéliste, tout en siégeant à divers conseils d’administration.