Vous lisez : Relations du travail, le temps des bilans

Les relations du travail. on a actuellement l'impression qu'elles sont en pleine effervescence. C'est sans doute vrai. Car il s'en passe des événements. Les uns réclament le bannissement des clauses de disparité de traitement, les autres une autre réforme du Code du travail. Les grèves se multiplient dans tous les secteurs, infirmières, routiers, techniciens de l'Hydro. Ce n'est pas pour rien que ce numéro d'Effectif, le dernier avant l'an 2000, est entièrement consacré aux relations du travail. 

Malgré tout, les relations du travail marquent-elles le pas ? 

Il le semblerait bien, du moins si on se fie aux commentaires des personnalités marquantes du domaine des relations du travail, publiés dans ces pages. En les lisant en effet, on pourrait avoir l'impression que l'âge d'or des relations du travail - le moment des prises de conscience - est derrière nous et non à venir. Aucun des événements marquants, allant des grandes grèves de l'amiante et du textile jusqu'au Front commun de 1972, en passant par l'adoption de lois avant-gardistes, comme la Mesure anti-briseur de grèves et la Loi sur la santé et la sécurité du travail, n'est vraiment récent. 

Avons-nous progressé depuis ce temps, en matière de relations du travail ? Devrions-nous plutôt parler d'un mouvement de balancier ? 

Les conflits de travail, particulièrement dans le secteur public, font la une de tous les journaux québécois. Grèves, lock-out, négociations difficiles, tout y passe. Le syndicalisme recule, le néo-libéralisme et la mondialisation triomphent. L'équité salariale, on se contente d'en parler. Vision d'horreur, me direz-vous. En tout cas, on ne dirait pas qu'il y a progrès. 

Après d'importants gains des syndicats, serait-ce maintenant les patrons qui dictent seuls les règles du jeu? À première vue, oui. On n'a qu'à penser à la prolifération des nouvelles formes de travail, sous-traitance, travail autonome, télétravail, etc. Tous des modes de travail qui ne favorisent pas précisément les travailleurs, c'est connu. Les syndicats, après avoir été longtemps sur la défensive, semblent maintenant prêts à attaquer. 

Serions-nous en train de tourner en rond, tout simplement? 

Et pourtant. 

Un pas en arrière, deux pas en avant, les relations du travail ne reculent sans doute pas, ni ne tournent en rond. Partout dans le monde industrialisé, et au Québec également, on recherche de nouveaux modes de travail, qui seraient à l'avantage à la fois des travailleurs et des organisations, comme le travail en équipe. On négocie au niveau des usines, on encourage la participation de la main-d'ouvre et des syndicats, on cherche à sortir du cycle infernal de l'affrontement. Il semble y avoir une bonne volonté manifeste de part et d'autre. 

Nous nous apprêtons à changer de siècle. Sans tomber dans le lieu commun, ce tournant est certes un moment idéal pour faire un bilan. Aujourd'hui, le monde du travail connaît des conflits, il y en a eu tout au long du siècle et il va sans doute toujours y en avoir. Ce serait s'illusionner que de penser autrement. Cependant, les relations du travail sont une réalité dynamique, qui suppose des rapports individuels et collectifs en constante évolution. 

Et il ne serait sans doute pas utopique d'entrevoir l'établissement de relations du travail de plus en plus harmonieuses, de relations où tout le monde trouverait son avantage.

Sophie Fortin, M.B.A., C.R.I. est présidente de l'Ordre

Source : Effectif, volume 2, numéro 5, novembre /décembre 1999

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